| Les cavaliers de l'Isère Un forum dédié aux cavaliers isérois, pour organiser des sorties, échanger des idées, .... |
|
| Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. | |
|
+14warda Raviksavouplaiz wapoto joel Muriel Stef26 nathvarenne marie-jo nicole_du_merens Kiupo Darling maffy Elliot pataclups 18 participants | |
Auteur | Message |
---|
pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 18:25 | |
| Quand vient la fin de l’été…. Et si on se faisait une p’tite randonnée… Insatiables de haute-montagne, nous choisissons en cette fin d’été 2015 de profiter des derniers créneaux météo favorables pour arpenter hauts cols et hautes vallées alpines de notre secteur. Nous concevons aisément un itinéraire nous permettant de parcourir et de découvrir en une boucle de mythiques vallées et massifs haut-alpins, sans aucune certitude que les chemins empruntés dans ces petits « bouts du monde » passent à cheval… On tente, on verra bien…d’autant plus qu’une petite phrase de Paulo Coehlo récemment mise à la mode sur les réseaux sociaux résonne dans nos têtes : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle » !!! Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, Haut Buëch : autant d’ambiances somptueuses que de massifs et de vallées. En avant pour une randonnée de contrastes, de l’austérité fascinante du Dévoluy à l’atmosphère himalayenne de la vallée du Valgaudemar, des lumineux Ecrins au bocage de montagne unique du Champsaur... Les images ne manquent pas pour décrire cette belle randonnée insolite… en autonomie ! En cette fin du mois d’août notre départ se fait de bon matin au col du Festre, aux portes du synclinal perché du Dévoluy. Je me dispense de l’éternelle photo de préparatifs devant le van, d’autant plus que ceux-ci sont vite expédiés, nos paquetages sont rôdés. Le temps est parfait, nous allons pouvoir synthétiser notre vitamine D ! Le ciel est bleu tendu, la chaleur… dévoluyarde, c’est à dire modérée (la température annuelle moyenne dans le Dévoluy est de 1,7°C !!!) Je scanne mon horizon, à gauche la crête des Aiguilles et le Rocher Rond à droite le plateau d’Aurouze (Bure) avec la tête de Pied Gros, la Tête d’Aurouze et le Serre des Bergers. Tiens si je zoomais la Tête d’Aurouze, à son pied une infime partie du plus grand pierrier d’Europe…habité par de nombreux chamois et quelques mouflons… Zoom arrière, mes yeux tombent sur le panneau le plus rassurant du coin ! Avec ça on ne risque rien finalement ! Nous prenons tranquillement la direction de la Joue du Loup, une des stations de ski les plus réputées du massif. Facile car il n’y en a qu’une autre dans le coin : Superdévoluy. Les Danons nous offrent une jolie carte postale, pinesque à souhait. Une parenthèse d’Oregon perdue par chez nous… En hissant mon appareil photo à la cime des résineux les plus solides, je réussis à zoomer sur le col des Aiguilles et son vallon, parcourus en d’autres temps par de valeureux cavaliers et leurs non moins valeureuses montures, coachés par mon binôme… Aujourd’hui encore perdurent les souvenirs de cette ascension mémorable, même pour ceux qui n’y étaient pas, c’est dire !!! Le long du chemin je me délecte de ces paysages dévoluyards, le regard porté vers les sommets du Grand Ferrant et de l’Obiou matérialisant la frontière avec l’Isère, que j’ai tant observés lorsque je vivais « de l’autre côté »… La légende dit que jadis l’Obiou et le Grand Ferrant étaient des géants qui se battaient à coup de pierres, ce qui a fini par constituer la Tête de l’Aupet et la Tête de Lapras entre eux. Une fois passée la Joue du Loup, nous avons face à nous la montagne de Faraut, et celle de Saint Gicon sur notre gauche. Bref les montagnes et leur environnement « super-chatoient ». Histoire de se mettre en jambes nous choisissons l’option via ferrata pour gagner Saint Etienne en Dévoluy. Pied à terre pour franchir les dalles calcaires et laisser exceptionnellement nos chevaux jouer au toboggan. Nous y laisserons nos empreintes de glissade effrénée, comme quoi les 4 pointes tungstènes à chacun des 8 pieds de nos 2 compagnons réunis ne bloquent pas tant que ça la mécanique du pied ! !!! Pas de temps à perdre en considérations sur la fourberie des roches de ce massif, mon compagnon de cordée est déjà reparti à l’assaut de la forêt et s’éloigne efficacement… Mais je pense quand même à ces grands alpinistes, auteurs de prestigieuses ouvertures de voies dans les plus hautes montagnes de notre planète, dont le Dévoluy a stoppé net leur ascension. Jean Couzy est l’un d’eux. En 1955 avec Lionel Terray il réalise la première ascension du Makalu, Himalaya, 5 ème plus haut sommet du monde. Il réalise de nombreuses premières ascensions (Olan, Grandes Jorasses, Drus, Dolomites). Trois ans plus tard, alors qu’il ouvre une voie sur le rebord méridional du plateau de Bure (crête des Bergers), il sera tué par une pierre reçue sur la tête. Plus loin entre les arbres se profile le col du Noyer. La route qui y mène n’est ouverte que quelques mois dans l’année. Désenclaver le Dévoluy : tout un programme ! Nous arrivons à hauteur d’une jolie portion de la via ferrata surplombant le lit de la Souloise. Bien intéressés par cette passerelle qui évoque en nous quelques aventures sud-américaines, nous passons un moment à étudier la meilleure façon d’y mener nos vaillants chevaux. Peine perdue, l’accès au site entre le mur en béton et la roche est trop étroit, Pataclop et Saad ne passeront jamais, leurs ventres sont trop larges, le paquetage encore plus… Autant déçus que nous de ne pouvoir tenter un passage aérien un peu rigolo, ils se résignent à continuer l’aventure ailleurs... Nous leur faisons alors la promesse de trouver plus loin des passages tout aussi originaux, stimulants, autant attractifs qu’inexplorés. Un petit coup d’œil derrière nous pendant la montée suivante rappelle à nos bons vieux souvenirs le Pic de Bure sous lequel nous avions évolué l’année passée en direction du col de Rabou à la recherche des sources de la Souloise. Notre montée vers le col du Noyer s’interrompt le temps de lire les inscriptions laissées sur la route : « Mort au loup et à ceux qui les veulent ». No comment. Petite pause photo de fin d’après-midi dans la combe de la Saume. Ce pur-sang arabe se fout de moi !!! Arrivés au col Saumane, une chouette vue sur la suite de notre périple s’offre à nous : le Petit Chaillol et les pentes abruptes du Valgaudemar. On attaque la descente à pied sous Grand Plane après avoir bu à la source. Une construction attire notre attention. Courageusement Daniel s’en rapproche. A peine a-t-il posé sa main sur le toit que des coqs de bruyère tout aussi bruyants les uns que les autres s’en échappent… ! La suite de la descente ne nous réjouira pas et Les Ravières nous laissent un coup amer de traitres pierres du Dévoluy. Saad et Pataclop n’ont plus le cœur à jouer aux glissades, on continue prudemment, enchaînant les pierriers les uns après les autres. Nous laissons pour de bon derrière nous « Ce pays si pauvre que le rossignol n’y chante qu’une fois tous les cinquante ans » comme l’écrit Victor Hugo dans Les Misérables. Peu après le village du Noyer nous installons notre bivouac dans un petit coin tranquille. Les chouettes commencent à hululer, c’est la pleine lune. Nous goûtons notre repos bien mérité après cette première journée déjà riche en belles images. | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 18:45 | |
| A notre réveil du deuxième jour je me rends compte en zieutant les falaises environnantes qu’on nous a rajouté des plis pendant la nuit !!! Ah c’est bien du genre de la montagne de Faraut ! Va pour cette fois-ci on ne le signalera pas aux autorités… Le ballet des circaètes commence au-dessus des crêtes, signe qu’il est temps pour nous de s’affairer à plier le camp. Les tâches sont bien réparties, le « packing » est un réel plaisir ! Les chevaux sont prêts, nous reprenons le chemin de la Valgaude. En route nous rencontrons des génisses Prim-Holstein bien étonnées de nous voir longer leur pré. Ces Françaises Frisonnes Pie Noires (de leur nom d’antan) au dos en porte-manteau sont affublées de jolis cœurs sur le front. Peut-être ont elles hérité ce joli cœur d’un parent d’Amérique… En effet cette race hollandaise fut exportée dans les années 20 aux Amériques, puis revint « améliorée » en Europe dans les années 60 avec l’importation massive de taureaux des Etats-Unis et du Canada. Celle-ci est ma préférée ! :in love: Arrivés dans le village de Lacou nous sommes orientés vers un lavoir privé par des villageois postés sur un banc et soucieux de faire boire les chevaux à tout prix… Poliment Saad trempe son museau, tandis que Pataclop boude. Il reste interloqué par la collection de louches d’époque suspendues auprès du lavoir… Tout compte fait une petite rasade jusqu’aux naseaux fera l’affaire… J’en profite pour contempler moi aussi les antiquités suspendues là depuis … ou la… un moment ! Saad a déjà repris le route alors que Pataclop continue de "testouiller" ... Mais à force de persuasion je réussis à lui faire changer d’avis, de belles aventures nous attendent … Enfin surtout de beaux pissenlits, de succulentes herbes grasses d’altitude, du trèfle épais tout de violet fleuri, sans doute quelques luzernes sur le bord des chemins, etc… Il fallait juste trouver les bons arguments ! Les jardins sont fleuris, la population accueillante… La journée commence bien ! Au Pont de la Guinguette nous traversons le torrent du Drac. Ce « dragon » continue sa route vers le lac du Sautet tout d’abord, et finira par se jeter dans l’Isère. Aujourd’hui pas le temps de pêcher à la mouche, la Valgaude compte sur nous ! L’oratoire de Beaurepaire nous intrigue : rien à envier à la Tour du Pise, son flanc est consolidé ! Nous voilà en chemin sur le GR de Pays du Tour du Vieux Chaillol. A hauteur de Lallée je me rends compte en portant mon regard au loin vers le Nord-Ouest qu’une partie des contreforts Est du Vercors ainsi que les Deux Soeurs nous surveillent de loin, quelque peu occultés par le Sénépy... Que de bons souvenirs sur ces pentes galopées avec une vingtaine de bons cavaliers dauphinois il y a 2 ans déjà ! Nous arrivons à Saint Jacques en Valgodemar surplombé par le Bec de l’Aigle et les Crêtes de Chamousset. Ce village marque l’entrée dans le « val » de « Godemar », dernier roi des Burgondes, peuple germanique ayant envahi la partie occidentale de l’empire romain. Bref je vous épargne les détails, ça se battait à tout va, et notre Godemar mouru en 524. Tandis que nous remontons la Séveraisse par sa rive gauche, j’aperçois au fond de la vallée quelques mythiques sommets des Alpes : le Pic Turbat, l’Olan (3584 m) et la Cime du Vallon. Le zoom s’impose ! Le Pic Turbat à gauche et l’Olan à droite. Petite pensée au passage pour un copain qui parcourt régulièrement les contreforts de l’Olan et « protège ses genoux » en descendant tout simplement en base-jump ! Cool d’avoir des amis base-jumpers , ils sont toujours hyper partants pour grimper ensemble au sommet, mais pour la descente c’est chacun pour soi, et surtout au plus rapide pour eux !!! Nous découvrons la face cachée et non moins bucolique du Valgaudemar en longeant le canal des Herbeys alimenté par la Séveraisse. Il irrigue la partie sèche située entre Drac et Séveraisse aux portes de la vallée du Valgaudemar. Ce canal datant de 1772 aura coûté pas moins de 21,750 kg d’or fin ! Nous avons tout loisir d’admirer le savoir-faire des paysans d’antan tout au long du canal. Le calfatage aurait été réalisé initialement à l’aide d’un mélange de terre et de feuilles de hêtre réputées imputrescibles… Un petit moment de recueillement à hauteur de l’Ubac devant le torrent des Muandes. En remontant ce torrent on arrive aux chalets de Prentiq, où au début du XXème siècle les familles de l’Ubac montaient en estive. La lecture des documents du Parc National des Ecrins nous apprend que cette migration saisonnière avait pour but de mieux utiliser l’espace agricole très sollicité à cette époque. On envoyait dans les cabanons de pierre sèche les anciens, quelques enfants et les bêtes. Sur place on fabriquait les fromages, et l’on cultivait un peu de seigle qu’on redescendait en vallée en fin d’été. L’itinéraire se poursuit en remontant cette magnifique rive gauche de la Séveraisse dont nous ne nous lassons pas d’admirer le scintillement. Ah nous voilà dans le fameux Parc National des Ecrins ! Un premier conseil : prendre le temps de réviser « les interdits »… Et un second conseil qui simplifiera la démarche : bien retenir que tout est interdit !!! Peu importe, les sentiers sont agréables, le cadre est champestre et nous finissons par arriver à la Chapelle en Valgaudemar. Pataclop se plante devant les cornetto, qu’à cela ne tienne nous exaucerons son rêve… Mais avant le goûter je lui demande de méditer devant le cadran solaire du coin arborant un aigle royal fort bien représenté. Sagement parqués devant un buisson de mûres, nous les laissons débroussailler leur aise, tandis que nous prenons la meilleure place de la terrasse de café pour les surveiller. C’est suffisamment rare pour être mentionné, nous nous offrons une jolie crêpe chantilly-crème de marrons et comme c’est fête je prends un perrier-menthe !!! Nous, les plus sauvages des alti-randonneurs, cueilleurs de vents toujours en mouvement sur les cimes désertes, enchainant les ascensions à la recherche d’un peu de hauteur et de beaucoup d’émotions, nous voilà lamentablement attablés en terrasse, l’œil pétillant devant cet amas de glucose de fond de vallée !!! Halte là ! Halte là ! Halte là ! Les montagnards ! Les montagnards ! Les crêêêêpes sont là !!! Le paiement de l’addition est l’occasion pour le patron crêpier de nous prodiguer ses conseils pour la journée de demain. Il nous assure une ascension « facile », un vrai « boulevard » qui mène à une prairie où « vous pourrez faire galoper vos chevaux sur 500 m au moins »… !!! Je lui précise qu’avec nos paquetages ce n’est pas notre principal but que de faire galoper les chevaux, de surcroît après avoir avalé du dénivelé, mais il insiste « si si vous pourrez les faire galoper dans la prairie devant le refuge ». Quand nous lui demandons plus précisément la nature du chemin qui se prolonge au col de Vallonpierre, il finit par nous avouer qu’il n’y est « jamais allé »… « Mais le chemin avant est une autoroute ! »… Nous en resterons là, lui laissant le dernier mot. On verra bien demain ! Bref… Pour oublier nos agapes je lève les yeux vers l’Olan, et rêve déjà à l’envol de nos calories superflues… dès demain !!! Avant d’établir notre camp, ce sera thalasso dans la Séveraisse, un moment fort apprécié de nos compagnons… et de leurs tendons bien entendu ! Le bruit du torrent nous berce, la thalassothérapie de l’âme est en train de faire son effet… Ce soir les chevaux auront moult pissenlits et herbes grasses à savourer. Tandis que le bivouac prend forme petit à petit j’immortalise ce moment d’éparpillement intense de nos affaires, principal rite d’appropriation du lieu pour une soirée et une nuit… A croire que tout ce petit monde a besoin de s’étirer après avoir été compacté, calé, coincé toute la journée dans les sacoches ! La nuit sera calme, ces lieux sont empreints d’une très grande sérénité, les étoiles peuvent briller, nous ne tarderons pas à leur murmurer nos rêves… ponctués des images de la journée… En voyage il me semble qu’on marche autant la nuit que le jour… | |
| | | Elliot
Localisation : nord isére Montrevel Nombre de messages : 495 Age : 77 Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 18:59 | |
| | |
| | | maffy
Localisation : Flacheres Nombre de messages : 11065 Age : 52 Date d'inscription : 12/02/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 19:03 | |
| | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| | | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 19:25 | |
| Une bonne nuit nous a reposés. Le Valgaudemar nous gâte avec un temps radieux en cette dernière journée du mois d’août 2015. Nous reprenons le GR du Tour du Vieux Chaillol pour remonter encore la Séveraisse sur sa rive gauche. Au détour d’un chemin parfaitement désert, nous débusquons parmi les saules un joli troupeau de … Gardes du Parc National des Ecrins, agglutinés autour de leur voiture dissimulée dans la ripisylve ! On vous a trouvés !!! Je les salue gaiement, laisse Pataclop faire quelques pas et je me retourne pour vérifier qu’ils nous épient en retour… Hé hé : vu !!! Le petit hameau du Casset nous offre son pont qui semble bien résister aux crues de la Séveraisse. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas œuvré en rock crawling ! La cascade du Casset nous apparaît toute menue entre les pentes himalayennes de la Rouye (3034 m). C’est le moment pour nous de traverser et de passer en rive droite. Nous entrons dans la Réserve Naturelle Haute Vallée de la Séveraisse : 155 hectares de fond de vallée avec la rivière, la ripisylve et une zone de rochers. On y a entendu il y a 3 ans la cigale des montagnes, qui chante ultra aigu, à 1350 m d’altitude. Elle est inaudible pour certaines personnes et notamment les plus âgées ! Amis randonneurs à l’ouïe usée, ne perdez pas votre temps à la chercher !!! Nous voilà devant un nouveau style de porte, non encore référencée ! Des nœuds, une poignée, des fils, pas d’électricité, des ficelles de botte bleues… Mon binôme s’applique à la refermer exactement comme il l’a trouvée… Et pour cause, elle délimiterait le parc des ânes du refuge du Clot… Moi je continue ma collection des portes de parc toujours plus alambiquées les unes que les autres ! Une fois passé le refuge nous nous trouvons dans un champ de pierres. La ripisylve dense et le flot tumultueux du torrent nous empêchent de contourner la petite portion de chemin étroitement logée entre deux énormes blocs. Il nous faudra soulever les sacoches et plier nos chevaux en deux pour ne pas frotter… Nous arrivons sur le site du hameau du Clot, le plus reculé de la vallée du Valgaudemar. En 1934 ce hameau fut détruit par un incendie favorisé par la couverture des toits en chaume de seigle. Il reste un chemin encadré par les pierres délimitant par la même occasion les parcelles. Un coup d’œil derrière nous pendant l’ascension nous fait découvrir le cirque glaciaire de Gioberney. Ces glaciers alimentent la fameuse cascade du Voile de la Mariée. Cette zone connut une ruée minière au XIXème siècle. Une société minière fut créée en 1861 : la Valgaudemar Mining Compagny Limited ! On extrayait dans la mine de Chauvetane du plomb sulfuré et de la galène argentifère, le minerai était chargé sur des mules pour être traité au refuge du Clot jusqu’en 1923. Nous sommes dans le Parc des Ecrins et nous savourons chaque passerelle stable et ancrée qui nous mènera vers Vallonpierre ! Le Banc des Aiguilles se profile en fond de vallée. Cette vallée sauvage est de toute beauté. La pause picnic se fera évidemment au bord de la Séveraisse, en face du sentier du ministre. Attention joli petit cervidé… Tu vas te faire croquer par le grand méchant… Petite marche digestive, les passerelles se succèdent… Pas moins de 50 lacets nous permettent de nous élever vers le refuge de Vallonpierre… Loin d’être une autoroute, le sentier est étroit et les randonneurs qui nous croisent se jettent parfois dans les arbustes pour nous laisser passer ! Une fois la pente moins marquée je me retourne pour profiter au loin des Rouies et des Pics du Vaccivier entourées de leurs glaciers. Le décor a changé, fini le fond de vallée ! Une première cabane, celle du berger, nous indique que nous arrivons non loin du refuge. La vallée de la Séveraisse s’éloigne pour de bon derrière nous, on n’en aperçoit plus qu’une infime portion, tout en bas… Nous voici sur la fameuse plaine des 500 m galopables à fond… … Avec en ligne d’horizon le col de Vallonpierre qui nous attend bien sagement. Ce sont plutôt les brebis qui ont envie de galoper à nos côtés ! Après ses 1200 m de D+ il est toujours en avant le vaillant pur-sang arabe …. Himalaya, Himalaya… euh Patagonie plutôt !!! La journée est loin d’être terminée, on laisse le refuge au bord de son lac, et on attaque vaillamment la montée. On compte en lacets désormais ! Au bas mot une trentaine de plus et le col sera plié ! Ces deux-là se tirent la tronche, il faut dire qu’elles nous ont laissé admirer leur bagarre au bord du chemin, digne d’un combat de catch. Ces deux aventureuses ne sont pas perdues mais je n’ai pas bien compris la valeur ajoutée de leur périple… Par ici les moutons semblent être « à la rage », c’est-à-dire laissés seuls en montagne sur des alpages délimités par des barrières naturelles. Sur notre gauche le Sirac veille (3441m). C’est le dernier grand sommet du sud du Parc des Ecrins. Sa face nord est haute de 1500 m et nous pouvons admirer le glacier suspendu de Vallonpierre. Oh oh oh mais que vois-je ? Seraient-ce les deux derniers lacets ? Il se mérite vraiment ce col, et par temps sec de préférence. Je me cale derrière Saad le chamois, il ne reste plus grand chose à faire qu’à mettre ses pieds ou ses sabots dans les traces creusées dans le schiste noir. Hé hé nous voilà arrivés au col de Vallonpierre, 2706m. Soulagés d’avoir grimpé tout cela ! Tant qu’à faire d’être montés, autant s’élever encore un peu… Les prises de vue façon drone deviennent plus qu’à la mode désormais ! Pataclop scrute Vallon Plat en contrebas, mais il reste deux cols à passer plutôt sur la gauche… Le bivouac est encore loin, ne trainons pas, la descente s’amorce, à pied naturellement. Du haut du Montagnon, petit point posé sur sa crête un berger nous surveille, lui-même supervisé par le Pic de Vallon Clos. Une vingtaine de lacets supplémentaires et nous voilà prêts à grimper au col de Gouiran, avec l’Aiguille de Morges en arrière-plan. Je reste à pied, tandis que mon binôme trouve le meilleur montoir du secteur. Col de Gouiran, 2597m. Pratique ce col de Gouiran, il nous permet de visualiser ce qui nous attend : la traversée de son vallon suspendu. Avant une belle série de lacets ardus pour grimper au col de la Vallette ! Ah qu’il est vrai le fameux proverbe haut-alpin : « quand tu es au sommet, continue de grimper » ! Ne réfléchissons pas trop, il faut avancer, l’après-midi s’étire, pas de coin de bivouac possible par ici… Il faut viser le Pré de la Chaumette, nous y serons vite ! Surtout qu’on est en bonne compagnie, les chamois sont gras par ici. Un petit instant yoga… C’est fait, le vallon de Gouiran est traversé, nous venons de tout là-bas, 25 lacets et le col de la Vallette sera avalé ! Un peu hard le col de la Vallette, il faut dire qu’on a notre compte pour aujourd’hui. C’est le 3ème et plus haut col de la journée à franchir (2668m). Mais on reste concentrés, on actionne les jarrets, on s’applique à faire ses lacets schisteux… les uns après les autres… C’est beau. C’est beau même quand on est essoufflés, alors c’est que c’est grandiose !!! Vieux Chaillol, Choucières Vertes, Pic de Parières, Pic de Clapouse, Aiguille Rousse, Aiguille de Clapouse, Crête des Pales, Aiguille de Morges : tout le monde y est ? On peut continuer, et savourer le dernier lacet avant le col. A peine le col franchi, mon binôme s’engouffre déjà dans la descente infernale, à l’assaut du vallon de la Vallette. Je les rattraperai, pour le moment je prends le temps de zoomer sur une chaîne familière. Tout aussi himalayennes que les montagnes du Valgaudemar, ce sont celles qui bordent le vallon du Fournel arpenté l’année passée à la recherche des fameux chardons bleus. Il suffirait d'un rien pour que j'aperçoive le Pas de la Cavale du haut de ce col de la Valette. Le début de la descente n’est guère engageant lorsque ces ossements apparaissent, incitant toujours à plus de prudence. Nous aurons tout loisir au cours de cette descente interminable de profiter d’un univers minéral unique parfait pour perfectionner sa psychomotricité. Je repasse en tête de notre convoi de funambules des massifs haut-alpins, surplombé au loin par les Terres Rouges. Cette descente nous en aura fait voir de toutes les couleurs. Comme si les efforts de la journée ne suffisaient pas, il faut maintenant faire preuve d’ingéniosité. Je choisis pour Pataclop l’option toboggan à droite sur ce cliché, laissant à Daniel et Saad la possibilité d’innover sur la gauche. Ah ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le chamois notre zarbe des montagnes ! Elle ne viendrait pas nous aider celle-là avec son gros…popotin ! La descente n’en finit pas de s’étirer dans le Vallon de la Pierre, et il n’y en a pas qu’une !!! L’IGN en a autant marre que nous des lacets parce qu’ils sont loin d’être tous mentionnés sur la carte. Mais moi je les ai comptés !!! Trop de lacets, trop de pierres ! Je me ressource un moment auprès de ces rhododendrons ferrugineux, conquérant des alpages abandonnés... Suivis de près par ces épilobes encore chatoyantes en cette fin de saison. Les abrupts du vallon du Rougnoux sont en vue, ça sent la fin de la journée tout ça… Admirons les plis dessinés par les bancs du flysch nummulithique ! Quoi ? On nous remis des pierriers sur le chemin ? Je croyais qu’on en avait fini avec cette blague ! C’est décidé c’est la dernière fois que je fais du rock crawling… pour aujourd’hui. Ah nous voilà arrivés au Pré de la Chaumette, un lieu tellement accueillant que… tout y est interdit !!! En gros on peut bivouaquer là où c’est pentu, où il n’y a pas d’eau et où on risque de se prendre des blocs de pierre sur la tête tandis que toute la prairie presque plate autour du refuge reste… en jachère ! Interdit c’est interdit, il ne faut pas, barré en rouge, en travers, des petites vignettes partout sur le panneau, pas là, pas là , là non plus, bâââââ ! Tandis que Saad et Pataclop boivent un coup devant le refuge, nous scrutons les alentours car nous finissons pas douter d’avoir le droit d’emprunter un peu d’eau au Parc National des Ecrins… Mais personne ne pointera le bout de son nez…Ouf ! Plus le temps de réfléchir à tout cela, l’urgence est de s’extraire de ce lieu de refoulement, de cette zone seulement peuplée de panneaux d’interdictions multiples. La nuit tombe, la bruine s’est invitée au menu ce soir, drôle de façon de nous féliciter pour les 2000 m d’ascension et les 1200 m de descente de cette très (beaucoup trop) longue journée. Nous descendons le long du Drac Blanc puis du Drac de Champoléon, et finissons par trouver hors des limites du Parc un morceau de champ où nos chevaux mangeront goulument les refus des vaches amontagnées par ici et à cette époque de l’année déjà redescendues plus bas. Plus que jamais la répartition des tâches est d’actualité. Tandis que Daniel met en place le parc, je monte les tentes entre les bouses de vaches et les trous de marmottes, véritables gouffres pourvoyeurs d’entorses. Je crois que c’est bien la première fois qu’on se lave sous la pluie et dans une nuit noire ! Un repas rapidement avalé sous la tente, l’humidité nous saisit avant que le sommeil ne prenne le relais... bercé par la compagnie du dragon blanc de Champoléon. | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 20:04 | |
| Il a plu cette nuit. Ce matin il pleut. La stratégie gagnante dans ce cas consiste pour nous à plier et ranger le maximum des affaires sous la tente moyennant quelques contorsions. S’ensuit la cérémonie du petit-déjeuner, également à l’abri… Mais on ne se laisse pas aller, on l’apprécie notre croissant aplati ! Non loin de la cascade de Prelles les chevaux en profitent pour gloutonner un peu plus avant d’être garnis. Après la longue journée d’hier ils apprécient forcément que la matinée s’étire un peu, même sous la pluie. Les ploc ploc cessent sur la toile de tente : nous sortons de notre gîte tels deux lièvres ragaillardis ! Le garnissage des chevaux se fera en un temps record, quittons vite cette hostile vallée de Champoléon. Une fois en selle nous prenons notre temps. Le plafond est bas, le brouillard épais dès 1800m. Nous discutons de l’option à choisir puisqu’il n’est pas envisageable de filer vers l’itinéraire évoqué initialement qui comporte au moins un col à 2500m d’altitude. L’alternative sera de longer le Drac, mais pour le moment c’est le Drac de Champoléon ou Drac Blanc, connu pour ses terribles crues dévastatrices, qui nous accompagne. Nous abandonnons par la même occasion le GR de Pays du Tour du Vieux Chaillol, fermé par arrêté municipal. Nous en comprenons aisément la raison quand le fracas des chutes de pierres parvient à nos oreilles à de multiples reprises. Décidément Champoléon nous apparaît bien hostile…et déserte ! On est loin des 800 habitants recensés vers 1850, dont une grande partie a émigré au Nevada et en Californie. A quoi pense ce mouton berger ? Serait-il dépité qu’on ne puisse décider si le nom de sa vallée signifie « petit champ », « champ d’oliviers » ou tout simplement comme le suggère la réalité du terrain « champ d’éboulements » ? Peut-être a-t-il déjà en tête les réjouissances de la foire aux tardons (agneaux nés au printemps et qui passent l’été en alpage) du mois prochain… A moins qu’il ne se demande ce qu’est devenu le plus médiatisé donc célèbre ( !) des bergers du pays… Jean-Louis aurait trouvé au printemps dernier l’amour champsaurin dans un pré de la région… Nous démontagnons bon train, profitant des chemins bucoliques que nous offre le Champsaur… Le mauvais temps s’éloigne, nous nous réchauffons et séchons par la même occasion. Le soleil apparaît faisant honneur à cette vallée dont le nom signifierait « champ d’or », et je m’enfonce dans la ripisylve. Voilà le sentier de découverte de l’adoux des Foulons. En marge du cours d’eau principal le petit ruisseau qui s’écoule constitue pour les poissons une zone de fraie et d’abri en cas de crue. Tout est prévu pour actualiser ses connaissances. Arrivés à Pont du Fossé je file acheter quelques fruits et du pain frais, tandis que Daniel dresse la table. Un bon picnic se dessine… Nous n’aurons pas le temps d’arriver au dessert qu’une charmante femme s’approche de nous pour nous poser quelques questions. Elle semble s’intéresser à l’esprit qui nous anime pour randonner ainsi. Nous prenons le temps de répondre à ses interrogations, presque étonnés qu’elle s’enquiert de détails importants pour des cavaliers comme nous. Elle se présente alors comme journaliste correspondante du Dauphiné Libéré et nous demande l’autorisation de prendre des notes ainsi qu’une photo lors de notre échange car notre histoire ferait bien la une d’une page région ! Une fois nos « obligations médiatiques » remplies , nous passons rive droite du Drac, surveillés par le versant Nord de la Petite Autane. Je continue inlassablement ma collection des portes insolites ! Daniel et Saad jouent bien le jeu. A hauteur de Chabottes nous repassons rive gauche. Au vu de l’épaisseur des nuages nous nous félicitons d’avoir choisi l’itinéraire bis pour aujourd'hui, préservant notre visibilité et surtout évitant toute fatigue supplémentaire à nos chevaux après la grosse journée d’hier. Le champsaurin est prévoyant : cette année aucune pomme ne sera gâchée. La raréfaction des fleurs en montagne à cette époque de l’année contraste définitivement avec ce splendide parterre d’accueil dans la Plaine de Chabottes. A Pont de Frappe nous bifurquons et prenons la Voie Romaine. D’intérêt stratégique elle permettait d’aller au plus court, de voir sans être vu, d’où un cheminement en crête ou à mi-pente. Cette voie du Champsaur localement nommée « Pava » reliait la vallée de la Durance à celle du Drac jusqu’à Grenoble. Nous sortons les ponchos à temps histoire d’essuyer un bon grain. La luminosité de fin de journée après l’orage nous réconcilie avec l’humidité qui a refait surface… Il est temps de chercher un lieu de bivouac digne de ce nom. Ce soir nous installons les chevaux dans un herbage au combien plus généreux que les « miettes » laissées par les vaches de Champoléon. Les têtes de nos vaillants compagnons disparaissent rapidement englouties par les graminées en lisière du bois de Saint Laurent. Nous ne ferons pas de vieux os, une fois la douche et le repas bouillant expédiés, le sommeil nous gagne avant que l’humidité n’ait pris le dessus. Bien au chaud dans nos moelleux duvets en plume d’oie de Hongrie nous bénissons l’inventeur du sac étanche, dont nous sommes les admirateurs les plus fervents depuis toujours, mais encore plus ce soir !!! | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 20:34 | |
| Non mais je rêve ! Pendant qu’on dormait tranquillement cette nuit un gros blaireau s’est permis de déambuler devant ma tente, laissant ses empreintes de petit plantigrade effronté bien en vue !!! Le Champsaur est la vallée la plus arrosée des Hautes-Alpes mais ce matin la météo est nettement plus engageante que la veille. L’humidité s’estompe laissant apparaître le Pic Queyrel. Cette vallée du Champsaur se trouve à la charnière entre la zone climatique méditerranéenne et la zone climatique alpine des Alpes du Nord, recevant donc une double influence. Nous prenons la route à petits pas direction le col Bayard, captant intensément chaque rayonnement solaire. Une petite halte pour replacer mon panneau solaire et je ne résiste pas à immortaliser l’air blasé de mon criollo tandis que Daniel est déjà en mode drone ! Il faut dire qu’il a repéré un beau troupeau de tarines… …certes avec une intruse. En voilà de jolis spécimens aux yeux maquillés de noir. Peu avant le golf du col Bayard une famille d’aigles nous laissent tout loisir d’admirer leur spectacle… L’aiglon est encouragé à prendre de l’altitude, les parents ne comptant par leurs glatissements à son égard. C’est après avoir croisé la route Napoléon que nous profitons d’une vue élargie sur les sommets du Champsaur : Banc du Peyron, Cuchon, Pic Queyrel, Vieux Chaillol, etc... Oh qu’elle est choupinette cette petite porte… Une de plus pour ma collection, passablement étroite à mon goût… Traits, demi-traits, assimilés traits, bedonnants, grassouillets, ensacochés : s’abstenir ! Arrivés sur le domaine de la station de ski de Laye, nous tombons sur cet enchevêtrement ligneux, sans doute un habitat typique du Champsaur !!! A nous une petite portion de piste sous le téleski du Lauzon, un peu de facilité pour poser ses pieds ne nuit pas… d’autant plus que les horizons bleutés sont toujours aussi magnifiques. Au col de Gleize la pampa locale nous inspire pour faire une pause picnic. La vue est dégagée sur le plateau de Bayard, le Champsaur et l’Embrunais au loin. A peine installés, nous voilà déjà repérés par une escouade de vautours en formation… Cette équipe prend le temps de nous survoler plusieurs fois. Notre équipage n’étant pas encore réduit à l’état de charognes ces fauves finissent par décamper. La pause picnic terminée, les vautours remerciés, nous reprenons la route direction Chaudun. Nous voilà devant une arche digne des plus prestigieux parcs nationaux américains : Yellowstone-Chaudun here we are !!! Sauf que malheureusement il faudra bien de l’ingéniosité pour pénétrer dans cette forêt domaniale fortifiée. Visiblement les cavaliers ne sont pas les bienvenus, si l’on en juge par l’étroitesse du passage réservé… aux piétons. Je n’en reviens encore pas qu’on ait réussi à passer ce dispositif anti-intrusion. Immenses pensées pour les personnes à mobilité réduite qui auraient envie de venir balader par ici… Bref. Le coin est chouette. Une source repérée de longue date sur la carte IGN peu après le col du Milieu mettra notre patience à rude épreuve. Son captage à destination des troupeaux n’a laissé, en parallèle de trois tuyaux de calibre conséquent, qu’un mince filet à disposition d’éventuels randonneurs qui auraient réussi à franchir les massives portes de la forêt domaniale. Tandis que je prends mon rôle de horse-sitter à cœur, mon co-équipier se dévoue pour remplir nos gourdes au goutte à goutte, et le record sera battu en récupérant moins de 3 litres en une petite demi-heure !!! Je profite du passage du garde ONF sur son secteur pour lui demander « qui a bien pu capter cette source de manière aussi désastreuse». Il me répond que « ce sont les agriculteurs ». Sans blague. « Mais qui peut bien donner l’autorisation et valider de tels travaux » m’enquiers-je . « C’est nous » répond le garde. Sans blague. On fait comment maintenant que l’eau ne coule plus ??? « De toute façon je n’ai jamais vu personne boire cette eau » se permet-il de rajouter. Quand je lui demande où se fait le captage de l’eau qui approvisionne la maison forestière de Chaudun (louée dans le cadre des parcours Retrouvance) il me répond qu’il n’en sait rien. No comment. Nous continuons notre route forestière jusqu’au col de Chabanottes, puis bifurquons entre le Pic des Miauzes et celui de Courmian. La descente se fait tranquillement, nous laissons derrière nous la montagne de Chaudun et le Pic de Gleize. Il est presque temps de chercher un bivouac, pied à terre pour finir tranquillement la journée. Un troupeau de bovins excités, sans race définie, nous incitera à chercher plus loin, au vu de l’accueil réservé par le taureau un tantinet agacé de partager le chemin qui traverse ses herbages. Ce soir c’est entourés de sarriette en fleur que nous installons notre campement, dans une douceur estivale fort appréciée après l’humidité champsaurine. Le Torrent de la Rivière ( si si c’est comme cela qu’il s’appelle) abreuvera nos chevaux cette nuit. Alors qu’ils se reposent un peu après s’être rassasiés d’herbes des sous-bois généreux, j’apprécie de prendre un peu de hauteur parmi les bouquets de sarriette avant que les étoiles ne s’allument les unes après les autres... | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 11 Déc 2015 - 21:07 | |
| En ce dernier jour de rando nous prenons notre temps pour dé-camper ! Notre première rigolade de la journée a lieu devant ce panneau pâli par le temps… Voilà qui alimenterait le site http://bescherelletamere.fr/ ou sa variante https://www.facebook.com/bescherelletamere/?fref=ts ! Nous descendons vers Rabou tandis que les nuages gagnent la montagne de Barges. « Quand Bure a son chapeau, n’oublie pas ton manteau »… Dans le village de Rabou voici quelques vestiges d’une enceinte fortifiée. Peu de Raboutins dans les rues, mais quelques chevaux supplémentaires attirent notre attention. C’est en quittant Rabou que nous profitons d’une belle vue sur ce village perché sur son éperon rocheux, dominant la rivière du Petit Buëch. Les yeux les plus perçants détailleront la présence d’un cheval pie sur le promontoire ! En voilà un joli pré naturellement clôturé par….des ravins !!! Avant la Roche des Arnauds il s’agit justement de traverser le Petit Buëch, mais ce ne sera exceptionnellement pas sur cette passerelle tout droit sortie d’un épisode d’Indiana Jones ! De passage dans la civilisation je propose une rapide halte pour se pourvoir en pain frais. Puis nous prenons la direction des anciennes glacières. Datant de 1880 ces glacières alimentées par l’eau claire du Buëch ont fonctionné jusqu’à la dernière guerre. De petits lacs artificiels gelés l’hiver permettaient la découpe de glace stockée ensuite (entourée de paille) dans des bâtiments isolés avant d’être expédiée vers Aix en Provence ou Marseille l’été pour fournir les limonadiers, poissonniers, brasseries et particuliers. Une fois n’est pas coutume voici une carte postale ancienne en illustration. Il est déjà l’heure du casse-croûte… amélioré ! Une tartelette aux framboises nous apporte douceur et réconfort. Tiens tiens, les loupiots de Combe Noire seraient-ils descendus boire l’eau limpide du Petit Buëch ? A hauteur de Montmaur nous prenons le temps de discuter avec un retraité dont la vigne généreuse suspendue en tonnelle autour de sa maison attire un peu trop les loirs à son goût. Il nous explique sa lutte quotidienne pour limiter la spoliation… Et en conclut que le matériel minimum pour faire face se résume à une solide trique accompagnée d’une bonne chaussure ! En prenant un peu d’altitude Pataclop zieute une direction qu’il connaît bien, oubliant un instant qu’il nous faut rejoindre le van au point de départ. Les nuages tombent à nouveau sur la montagne d’Aurouze, il nous reste quelques kilomètres encore à parcourir. Décidément ce Dévoluy est bien capricieux. En voilà un qui ne courra pas plus loin sur le chemin ! Il semblerait que les lupus aient dégusté le gigot jusqu’à la peau. Le torrent de Rabioux nous oblige à quelque gymkhana supplémentaire, les schtroumpfs de la combe ont soigneusement balisé le chemin. Au détour de la piste sylvo-pastorale qui nous ramène au van pas le temps de s’attacher à ces jolis petits agneaux métisses. Et pour cause… !!! Le col du Festre en vue, notre périple touche à sa fin. Nos chevaux dont l’allant n’a jamais faibli, rentrent intacts et en pleine forme. C’est une fois de plus notre plus grande satisfaction. Cet itinéraire au travers de massifs généreux mais au combien exigeants nous laisse en mémoire d’intenses émotions, et des images qui nourrissent notre passion pour la randonnée équestre en altitude. Une « surprise » nous attend une fois rentrés "at home". La correspondante du Dauphiné Libéré rencontrée dans le Champsaur a parfaitement retranscrit nos propos dans la page région de l’édition locale… Espérons que cet article incitera de nombreux cavaliers à découvrir les merveilles que recèlent nos montagnes… | |
| | | Darling
Localisation : St Genix sur Guiers Nombre de messages : 25 Age : 37 Date d'inscription : 03/12/2015
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 12 Déc 2015 - 9:25 | |
| | |
| | | Kiupo
Localisation : Tullins Nombre de messages : 1351 Age : 46 Date d'inscription : 15/02/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 12 Déc 2015 - 11:14 | |
| Bravo pour cette aventure et MERCI pour les récits, les photos, les anecdotes... et surtout ta patience et ton temps pour la retranscription sur le forum. On voyage avec vous, on se dépayse... et on se cultive! Sans bouger du canapé! | |
| | | nicole_du_merens
Localisation : Veurey-Voroize Nombre de messages : 4555 Age : 68 Date d'inscription : 14/09/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 12 Déc 2015 - 15:46 | |
| Bravo et merci !!! | |
| | | marie-jo
Localisation : LA MURE sud isère Nombre de messages : 1636 Age : 53 Date d'inscription : 27/05/2010
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Dim 13 Déc 2015 - 22:37 | |
| Sacré périple encore ! C'est vraiment splendide, par contre certains cols sont impressionnants, vous allez finir par nous gravir l'hymalaya lol Merci pour le récit ils sont toujours plaisants. | |
| | | nathvarenne
Localisation : isere Nombre de messages : 182 Age : 60 Date d'inscription : 20/09/2009
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Lun 14 Déc 2015 - 9:58 | |
| Merci pour ce récit passionné, documenté, parsemé d'humour. En lisant vos aventures, alors que je suis clouée sur le canapé cause genou opéré, je ne languis qu'une chose, me remettre vite à cheval. Bravo à vous 4 !!! | |
| | | Stef26
Localisation : Roynac (Drôme) Nombre de messages : 238 Age : 70 Date d'inscription : 29/10/2014
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Mar 15 Déc 2015 - 6:52 | |
| Mêmes remarques que sur PMPV: Génial, éblouissant. Encore merci de partager ces paysages et cette aventure avec nous. | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Ven 18 Déc 2015 - 19:56 | |
| Merci Cécile, Kiupo, Nicole, Marie-Jo, Nath et Stef Bien contente que vous ayez apprécié ce récit Bonne convalescence Nathvarenne, tu as choisi le meilleur moment pour te faire opérer, tu seras ainsi en pleine forme au printemps !!! | |
| | | Stef26
Localisation : Roynac (Drôme) Nombre de messages : 238 Age : 70 Date d'inscription : 29/10/2014
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 19 Déc 2015 - 6:42 | |
| Merci pour ton petit mot en MP. J'arrive pas à y répondre en MP (????). Bonnes fêtes à toi aussi et pourquoi pas sur les chemins si le hasard nous fait se croiser! | |
| | | Muriel
Localisation : Miribel les Echelles Nombre de messages : 13681 Age : 57 Date d'inscription : 06/06/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 19 Déc 2015 - 15:34 | |
| Bon honte à moi j'avais pas vu ton récit Valoche. Ben dis donc vous ne chômez pas.
Quels petits endroits où on est passés avec Nanette cet été et d'autres où j’avais prévus d'aller traîner les sabots de Chonchon. Du coup je sais que certains endroits sont à proscrire un peu trop.... aléatoires pour moi.
Merci pour la petite bouffée d'air frais. Bon moins dépaysant je monte marcher dans le Vercors demain pour la peine et me croire en haut de vos sommets | |
| | | joel
Localisation : Le Grand-Lemps Nombre de messages : 4085 Age : 65 Date d'inscription : 17/04/2009
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 19 Déc 2015 - 20:24 | |
| Vous nous faites rêver......merci. | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Sam 19 Déc 2015 - 22:13 | |
| Stef26 : on peut aussi provoquer le hasard !!! Mumu : le Vercors c'est toujours une valeur sûre, alors dès que la nouvelle herbe bien verte est arrivée hop on y retourne pour chevaucher Joël : merci à toi ! Bonnes fêtes de fin d'année à tous ! | |
| | | Muriel
Localisation : Miribel les Echelles Nombre de messages : 13681 Age : 57 Date d'inscription : 06/06/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Lun 21 Déc 2015 - 15:55 | |
| En plus j'y étais pas à cheval mais à pied alors pas de quoi fouetter un chat | |
| | | wapoto
Localisation : La Murette Nombre de messages : 1001 Age : 40 Date d'inscription : 30/07/2010
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Mer 20 Jan 2016 - 13:13 | |
| wahhooouuuuu!!! superbe aventure et super récit!!! merci merci de nous faire rêver et peur à la fois!!! chapeau à tous les 4 | |
| | | pataclups
Localisation : Sisteron Nombre de messages : 684 Age : 44 Date d'inscription : 19/11/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Mer 20 Jan 2016 - 15:42 | |
| Merci Wapoto ! Je te souhaite de belles itinérances à cheval en 2016 ! | |
| | | Raviksavouplaiz
Localisation : 38 Nombre de messages : 2302 Age : 35 Date d'inscription : 16/07/2008
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Mer 20 Jan 2016 - 18:40 | |
| Chapeau !! et merci encore pour ce superbe récit | |
| | | warda
Localisation : St Nazaire les eymes Nombre de messages : 448 Age : 63 Date d'inscription : 26/09/2010
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. Mar 16 Fév 2016 - 14:35 | |
| c'est toujours une vraie gourmandise, tes recits !! Merci beaucoup !! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. | |
| |
| | | | Vertigineuse échappée haut-alpine : de cols en balcons entre Dévoluy, Valgaudemar, Ecrins, Champsaur, et Haut Buëch. | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|