Le récent post « Santé et mode de vie » m'a donné envie d'apporter quelques éléments historiques qui permettent de relativiser un peu nos questionnements sur la vie des chevaux actuels.
Je vais donc endosser les noirs habits du rabat-joie et citer quelques extraits du livre « le cheval et la guerre du XV eme au XX eme siecle »;
« Les maladies, les accidents et les blessures du cheval de guerre » par Jeanjot Emery, docteur vétérinaire.
[...]L'action guerrière n'était encore, pour beaucoup de gentilshommes, que la continuation des exercices équestres qu'ils pratiquaient dans la vie civile. Donc le passage du manège à la carrière et de la carrière à l'appel aux armes constituait une continuité, pour le cheval comme pour le cavalier, et les accidents en résultant faisaient partie, pour l'un comme pour l'autre des aléas de la vie.[...]
[...]l'enseignement vétérinaire était inexistant jusqu'à la seconde moitié du 18 ème siècle et, lorsqu'il fit son apparition, le vétérinaire militaire fut longtemps maintenus dans un grade subalterne, assimilé au maréchal ferrant qui avait un rôle essentiel pour l'entretien des pieds des chevaux, après que la ferrure à clous eut fait son apparition en Occident au 9 ème siècle[...]
[...]Cette notion de contagion aurait pu limiter les effets désastreux d'une des plus graves maladies affectant le cheval: la morve. [...]
[...]C'est ainsi que les chevaux importés du continent américain au cours de le guerre de 1914-1918, après avoir subi les fatigues d'une longue traversée des mers, payèrent un lourd tribu à l'infection gourmeuse sur le sol français[...]
[...] « L'insuffisance de la ration en foin et en paille causa, en 1888, des troubles digestifs graves dans l'artillerie. Ces gros animaux en étaient réduits à consommer leur litière, leur fumier, et même les crins de leurs voisins pour fournir à leur tube digestif un lest indispensable. »[...]
[...]«(un vétérinaire des tranchés) je donnerais satisfaction à ma conscience, je servirai mon pays avec tous le meilleure de moi même, et je ferais le plus de bien à mon bon ami le cheval, qui souffrait tout avec nous, à cause de nous, et pour nous »
Les éloquentes paroles qui précédent nous amènent à remettre à jour quelques jugements que d'aucuns qualifieront d'anthropomorphismes. Mais ne doit pas le respect à ceux qui ont narré avec émotion certains épisodes de cette communion homme-cheval, assumée dans la douleur et la peur? Sans doute ont-ils compris cet animal au point de reconnaître, dans son comportement, l'expression de leur propre sentiment.
Des actes de courage, et même d'héroïsme, peuvent-ils être attribués au cheval de guerre? Pour répondre à cette question il faut évidemment substituer les notions de devoir et de sacrifices au simple instinct de conservation. Alors interprétons selon notre sensibilité cette relation admirative de Solleysel dans
le Parfait Mareschal publié en 1664: « J'ai vu des chevaux d'Espagne... Il ne se trouvera peut-être aucun cheval plus noble qu'eux. On en a vu à qui les boyaux pendoient hors du ventre, et qui, tout percés de blessures perdoient tout leur sang, et nonobstant cela, on les a vu remporter celui qui les montoit sain et sauf, avec la même ardeur et la même fierté qu'ils l'avaient apporté, et crever ensuite ayant moins de vie que de courage ».[...]
« Les maladies, les accidents et les blessures du cheval de guerre » par Jeanjot Emery, docteur vétérinaire.
Voilà. Merci d'avoir lu tout ça, malgré que ce ne soit pas joyeux. Je sais bien que les temps ont changé et que les problèmes ne sont pas les même. Mais quand mon poney furieux se fait une estafilade de barbelé, qu'il tousse un peu à cause du foin et que je m'accuse d'être un propriétaire indigne, je songe au temps jadis, où l'homme pourtant vivait au quotidien avec le cheval, et je relativise.