Le Thabor à tribord !

Il fait chaud, très chaud en ce mois de juillet 2015! Une escapade en altitude s'impose...
Les destinations ne manquent pas dans les Hautes-Alpes, et ma foi c'est un vendredi soir en barbotant les pieds dans l'eau du petit Buëch que nous tombons d'accord immédiatement: nous irons faire le tour du Thabor ! Et même plus si le temps le permet ...
Qu'à cela ne tienne, matériel et ravitaillement sont rassemblés dès le samedi pour un départ le dimanche matin !
Turcoise05 me dira : "j'en ai rêvé le vendredi soir, j'y suis parti le dimanche matin !"...

En ce dimanche ensoleillé qui laisse humer un léger fumet d'aventure, les chevaux sont "capturés" dès potron-minet et tout l'équipage prend la route de la Névachie...
En chemin nous profitons du lever de soleil sur le lac de Serre-Ponçon


Nous voilà garés entre deux chapelles non loin de Névache, et les splendeurs de la vallée de la Clarée entraperçues en voiture ne nous laissent présager que du bon et du beau !
Nous préparons les chevaux, c'est devenu une routine que nous apprécions et à laquelle nous apportons beaucoup de soin. Nous emportons un peu plus de 4 jours d'autonomie en mode ultra-light néanmoins gastronomique.

Saad et Pataclop êtes-vous prêts ?
Le tour du Thabor peut commencer...


Les épilobes sont en fleur et cette touche de rose nous accompagne dès les premiers mètres le long du GR de pays du tour du Mont Thabor.

Nous ne savons pas si cet itinéraire sera possible à cheval, nous tentons et nous verrons bien, si besoin nous ferons demi-tour.
Nous n'avons aucune obligation de résultat, nous nous imposons une seule obligation : mettre tout en oeuvre pour garder nos chevaux intacts, les ramener en parfait état et nous aussi !!!
Ils sont entraînés, ce sont des athlètes.
Ils sont plus que précieux et nous donnent beaucoup à chaque sortie en montagne, ce sont de vaillants partenaires qui n'ont pas de prix à nos yeux.


Le long de la Clarée nous arrivons rapidement à la cascade de Fontcouverte, très prisée des randonneurs, et certains commencent à nous photographier, ce ne sera que le début puisque tout au long du tour du Mont Thabor nous serons véritablement "mitraillés" et sans mon accord ...


Un circaète nous tient compagnie un moment, avant de nous lancer son "pieuu-pieuu" habituel pour nous souhaiter une bonne randonnée


L'Oratoire du ruisseau des Lauzes nous arbore fièrement sa toiture en tuiles de mélèze. Ces tavaillons donnent beaucoup de charme aux chalets de la Clarée.


Il s'agit alors de traverser la Clarée et nos chevaux hésitent un peu puis prennent plaisir à se rafraichir les membres, laissant frayer les truites fario entres leurs jambes tout en zieutant discrètement une naïade venue d'ailleurs, en bikini strass et paillettes, qui semble bien plus motivée à homogénéiser son bronzage sur la rive qu'à user le GR de pays ...


Nous continuons de remonter la Clarée, et sur le chemin Turcoise05 me raconte la messe,    il faut dire que c'est juste l'heure    et que les croix, oratoires et chapelles ne manquent pas.


Nous avons tout le loisir d'admirer les Roches de Crépin, les crêtes de Moutouze et la fameuse Pointe des Cerces (3098m), chaque pas qui s'égrène face à ces impressionnantes barres rocheuses nous fait apprécier un peu plus d'avoir tout mis en œuvre pour réaliser cette rando au pied levé !


Un marcheur que nous croisons nous encourage : "le refuge n'est plus loin, vous y êtes dans un quart d'heure, vous êtes presque arrivés !!!".... Je le remercie poliment, sans lui expliquer que nous sommes partis il y a seulement une heure, nous ne sommes qu'au début de notre périple et que les refuges ne nous intéressent guère puisque nous avons tout ce qu'il nous faut sur nos chevaux... Nous avançons et dépassons le refuge des Drayères, suivis par des VTTistes italiens qui finiront par abandonner dans la montée. Ils ont été bien courageux jusque là  

Au menu de ce midi ce sera marmottine en linaigrette !


Je me retourne de temps à autre pour m'imprégner de cet environnement grandiose qui nous entoure et pour apprécier encore d'autres points de vue... Me voilà toute contente d'avoir dégoté un charmant petit lac non mentionné sur la carte IGN !!!  


Le sentier se transforme en un extraordinaire chemin pavé bordé d'une herbe si verte qu'elle super-éclate d'elle-même...le grand luxe !


C'est en continuant de grimper vers le Seuil des Rochilles que nous commençons à apercevoir les vestiges de la Ligne Maginot Alpine : blockaus, tourelle et galeries souterraines concentrées dans le massif autour des points de passage praticable par une armée serviront à la défense contre l'Italie de 1928 à 1940.


Nous arrivons alors aux Sources de la Clarée, qui finira 31,8 km plus loin sa course dans la Durance qui aurait dû s'appeler la Clarée, enfin bref...


Le lac de la Clarée nous offre de si belles couleurs que seuls les éclats de rire des randonneurs soulagés d'être parvenus à leur but réussiront à nous faire repartir, après avoir laissé Pataclop et Saad se réhydrater longuement...


Nous marquons une pause à la frontière entre la commune de Névache (Hautes-Alpes) et celle de Valloire (Savoie).
Nous pensons très fort à Méline    et Mumu   qui nous ont fait découvrir leur Voie Sarde de Chartreuse, c'est pourquoi j'enjoins Turcoise05 de poser devant la Borne Sarde du Seuil des Rochilles (datant de 1823) : elle matérialise la frontière entre le royaume de Piémont-Sardaigne et la France.
Ce petit monolithe possède une croix de Savoie côté Etats Sardes (Savoie annexée par le roi du Piémont) et une fleur de Lys côté France.


...... à suivre ......

.......

Peu après le Seuil des Rochilles, Pataclop devient soucieux : comment traverser ce champ de rochers ?
Nous choisissons l’option du rock crawling si chère à nos amis dresseurs de mules en Utah...Et nous aurons tout loisir au cours de cette randonnée de nous améliorer encore et toujours dans cette discipline  
Les plus gros blocs seront vite contournés    


Nous longeons aisément le lac rond, surveillés à la jumelle de tous les côtés par des militaires en manœuvre qui se déplacent tels des félins sur les versants pentus et enherbés. Nous les avons aperçus depuis un moment déjà, habitués à scruter les pans de montagne à la recherche de toute faune ou flore susceptible d'écarquiller toujours un peu plus nos mirettes ...  


Nous gagnons la plage du Lac du Grand Ban, calme et paisible. Il reste encore un peu de place pour quelques transats  


D'un commun accord nous allons jusqu'au col des Rochilles pour une petite pause panorama à 2496 m, et prenons le temps de savourer cet endroit...tandis que les chevaux se chuchotent des cachotteries ou tirent des plans sur l'itinéraire qui les attend...
Ce col est un passage entre la vallée de la Maurienne et la vallée de la Clarée vers Briançon.



Depuis le col des Rochilles mes yeux se portent au loin sur les Aiguilles d'Arves que j'avais tant contemplées du col de la Croix de Fer lors d'une journée de rando vers le glacier de l'Etendard.
Un itinéraire devenu bien "à la mode" depuis....
Le point de vue se fait sur leur versant sud-est cette fois-ci.

Au pied du col s'établit le camp des Rochilles, en pleine effervescence puisque le colonel vient d’arriver (on aperçoit son 4x4 garé dans la pelouse en contre-bas)…
C'est le 93ème Régiment d'Artillerie de Montagne (implanté à Varces) qui occupe les lieux, tandis que les tireurs d'élite longue distance de la 27ème brigade d'infanterie de montagne entretiennent et perfectionnent leurs fondamentaux dans un milieu où le vent est omniprésent.


Demi-tour pour prendre la direction du col de la Plagnette et pensées pour notre Tenibre qui le passa dans des conditions de brouillard atroce fut un temps...


La descente le long de la pointe de la Plagnette se fait évidemment à pied, et je ne résiste pas à immortaliser l'expression de mon criollo qui sent approcher l'heure du bivouac... avec en arrière-plan la très esthétique Aiguille Noire (2869m)


La pente ne manque pas... Nous prenons notre temps, restant prudents et attentifs à ces cailloux qui nous roulent sous les sabots.


Une fois n'est pas coutume c'est une descente que je savoure car je sens mon cheval concentré, il met ses sabots dans les traces de mes pieds


Nous n'aurons pas de mal à trouver un bivouac adapté pour ce soir, herbes et eau à volonté, protégés par la silhouette majestueuse de l'Aiguille Noire.
Les tâches sont bien réparties, je monte les tentes tandis que Turcoise05 choisit le meilleur à inclure dans le parc, les chevaux patientent attachés "à la gaucha" en grignotant ce qui commence à les régénérer après cette première journée sur le GR de pays du tour du Mont Thabor...

Et tandis que le soleil se couche je prends le temps d'explorer les environs pour faire une photo plus générale du campement...

Au petit matin du deuxième jour, les chevaux somnolent alors que le soleil vient progressivement sécher nos tentes...
Dès qu'ils nous entendent préparer le petit-déj et ranger les duvets ils se remettent dare dare à manger, devinant les efforts à fournir dans les prochaines heures.


Les paquetages soigneusement arrimés, nos chevaux fin prêts prennent le chemin du Pas des Griffes. Nous contournons la Pissine, mais pas de baignade prévue aujourd'hui  
Nous mettons pied à terre pour ouvrir et refermer les parcs à vaches, nous émerveillant chaque fois devant l'ingéniosité des éleveurs, toujours à la pointe de la nouveauté en terme de techniques de conception de portes    
Bref, on sent qu'il y a eu parfois quelques de heures de réflexion et nous en pâtissons parfois !
La montée se fait dans des alpages qui nous laissent de beaux points de vue sur les Rochers de la Grande Pare.


Des randonneurs nous talonnent, ils s'accrochent lacet après lacet mais nous les laissons s'essouffler en contre-bas, le rythme de nos chevaux est soutenu et très régulier.
Je me retourne et observe Turcoise05 scruter l'horizon... Nous n'avons aucune certitude que le Pas des Griffes passe à cheval et son appellation nous occasionne bien des questionnements...d'autant plus que nos ongles ont été coupés bien courts avant la rando, comment allons-nous nous cramponner ?


Nous voilà arrivés au Pas des Griffes après quelques petits lacets serrés.
Les chevaux soufflent un moment, nous en profitons pour faire quelques photos.
Nos randonneurs zélés ne tardent pas à arriver, ce sont deux jeunes qui se tirent la bourre, et surtout tentent de semer leurs "vieux" parents qui marchent plus doucement. Je leur demande s'ils font la course, au bord de l'agonie ils me répondent "non... pas... du.... tout...." et continuent à maugréer des "montée de sa race, put***ggg !" qui laissent Saad et Pataclop impassibles.  


Pendant que je jette un coup d'oeil sur la carte pour la descente Turcoise05 se lance dans la photo d'art et glisse les sommets entre les jambes de Saad.


Il est temps de descendre vers la station de Valmeinier, avec vue sur le petit Lac Vert tandis qu’encore plus loin nous appelle le Mont Bréquin qui domine la vallée de la Maurienne.


Nous sommes encouragés dans notre descente par des travailleurs occupés à rénover le chalet des Griffes. Le premier qui nous aperçoit appelle ses collègues d'un "oh venez voir, là y'a du lourd...". Enfin un connaisseur !!! Leur gentillesse nous encourage, il faut préciser que la plupart des randonneurs à pied rencontrés nous lance plutôt des "ça va ? pas trop fatigant là-haut ? hé bé on s'en fait pas, vous leur avez demandé à vos chevaux s'ils sont d'accord pour faire de la montagne ?", etc..
Nous les encourageons à notre tour pour la manutention des lauzes qui répareront le toit et nous continuons notre descente abrupte vers les Arendiers.
Nous longeons les bords de la Neuvache, fréquentés par des familles dont les enfants admirent nos chevaux.
Saad l'acrobate trouve le meilleur endroit pour boire !


Nous décidons de picniquer en retrait de la Neuvache avant de continuer notre descente sur Valmeinier.
La traversée de la station est fastidieuse, ce n'est pas le meilleur endroit. Nous fuyons ces infrastructures en complet décalage avec les images merveilleuses que nous avons emmagasiné depuis le début de notre tour du mont Thabor. Ouf nous avons retrouvé notre GR de pays en direction du col des Marches et nous entamons la montée laissant un troupeau de brebis chômer le nez dans les buisssons.
Je jette un dernier coup d'oeil en arrière vers la vallée de Valmeinier histoire de mémoriser une belle image du coin.


Nous longeons le ruisseau du col des Marches et prenons progressivement de l'altitude.
Peu avant le col nous goûtons à une pause bien méritée. Le Massif des Ecrins déroule ses glaciers, ses séracs et ses arêtes sous nos yeux contemplatifs. Nous n'en finissons pas d'égrener les célèbres noms de La Meije, La Barre des Ecrins, le Pelvoux...


Notre regard se pose sur le lac de Roche noire mais il est vite happé à nouveau par les glaciers lointains qui paraissent reposer à la même altitude que la nôtre... Douce illusion...


Notre montée se poursuit, il ne nous reste que quelques mètres avant de gagner l'altitude de 2725 m.
Au col des Marches un gentil ado nous prend en photo. Il a réussi à « traîner » jusque là sa mère qui l’en remercie, heureuse de son morceau de bravoure… Voilà un gentil garçon qui reçoit toute notre admiration. On imagine la violence des éléments pour déraciner ce splendide poteau indicateur !!!


C’est mon tour de m’élever un peu pour immortaliser le col des Marches…Offrant à Pataclop un moment de rêverie reposante tandis que Saad ne perd pas une miette de quelques brins de trèfle d’altitude !


Du haut du col des Marches on aperçoit au loin en bas le lac de Bissorte qui semble à sec.
Plus proche de nous : un morceau de banquise !


Nous nous lançons dans la descente pour voir cela de plus près !
Ces icebergs donnent vie au ruisseau du jeu.


Et vaillamment mon binôme se jette à l’aventure polaire… en tee-shirt, tandis que Saad s’imprègne de toute la fraicheur de ces plaques de glace résiduelle.


Un peu plus bas mon regard est attiré par un insecte tellement vif que je dois parlementer un moment avant de réussir à le prendre en photo : une belle cicindèle des Alpes ! Elle court et vole avec tant d’agilité ! Sa lunule apicale est tellement disjointe qu’elle en est fracturée...


La descente, un peu trop longue à mon goût, continue de s'étirer.


Petite pause fraîcheur bienvenue après la montée sportive vers le col des Marches. J’ai un instant peur que Pataclop qui boit goulûment ne vide ce petit lac !


Et quand Saad s’y rajoute, et bien le niveau baisse pour de bon  


Confirmation : le lac de Bissorte est bien vide ! Heureusement que les ruisseaux environnants continuent de chanter  


Oh une nouvelle rencontre ! Furtive...


Splotch ! C'est la grenouille rousse Rana temporaria, qui vit dans les Alpes jusqu'à 2800m, elle se congèle facilement pour supporter les amplitudes thermiques hivernales. Quand le printemps arrive elle se décongèle...pratique !


Nous arrivons en vue du refuge des Marches que nous dépasserons afin de trouver un lieu de bivouac décent, sous le regard interrogatif des marcheurs posés en terrasse.


Mais avant cela il s'agit de passer le pont ! Sérieux et discipline sont indispensables en fin de journée pour franchir en toute sérénité le ruisseau de Bissorte !


Peu après le refuge des Marches ce marmotton nous invite pour le bivouac du soir, et je finis par lui piquer sa prairie pour installer les chevaux pour la nuit. Et na !!!


Les chevaux pourvus d'une belle pâture nous laissent un peu de répit pour installer nos tentes et nous laver avant que le soleil ne se couche et qu'il ne fasse trop froid...
Le torrent de Bissorte abreuvera nos chevaux à volonté, tandis que nous nous installons confortablement avec vue sur le Mont Coburne, le rocher et la pointe Rénaud.


Le coucher de soleil est magnifique ce soir ...Encore de belles images dans cet endroit pur... De quoi procurer un immense bien-être avant de s'endormir paisiblement, le programme de demain nous réjouissant par avance....  


.... à suivre....

superbe!!!!
magnifiques photos et surtout phrasé
un grand merci de prendre le temps de nous faire partager cela!!! j'en prends plein les yeux!

Merci pour le partage!
C'est tout simplement magnifique....

Wapoto et Kiupo... La suite arrive prochainement....

(c'est long de télécharger les photos...)

Un beau roman imagé !! la suite !!

magnifiques paysages ! et supers commentaires,tu devrais postuler au D.L a veurey,ils ont besoin de bons reporters !
on attend la suite...

Valérie effectivement tu as pris du temps pour tout décrire et merci pour le petit clin d’œil. J'en rêve depuis un moment et c'est vous qui l'avez fait. Comme la vie est injuste

Magnifique

ça rigole pas là !! ni dans l'exploit, l'evasion mais aussi le récit, les photos qui tuent sur place...on sent l'air frais passer sur l’écran...et je crois qu'un grenouille vient de sauter sur le clavier....on rentre dans une sixième dimension ..au secours

maffy a écrit:

...on sent l'air frais passer sur l’écran...et je crois qu'un grenouille vient de sauter sur le clavier...

ben ..oui ... là...elle peut encore sauter en l'air  ...mais c'est pas fini ... c'est après qu'elle se calme .... !!

Bravo pour l'aventure et merci pour les photos, comme toujours magnifiques avec des paysages qui vont rêver

Merci pour les photos et le récit. Je savais bien que le duc des Baronnies ne résisterait pas à l'envie de retourner chevaucher en pays piemont-sardaigne

Merci Méline, Letti38, Maffy, Muriel ...

SHARLIE a écrit:

tu devrais postuler au D.L a veurey,ils ont besoin de bons reporters !

   Sans façon ! J'ai d'autres ambitions...    


Emeline180 la suite arrive...
Il faut déjà commencer par réveiller les chevaux    en ce matin du 3ème jour...  


.........  ........

Mardi matin nous voilà prêts pour repartir…   Le temps sera splendide    durant cette belle journée qui restera marquée dans notre mémoire pour toujours.



Nous remontons le ruisseau de Bissorte, né du lac des Bataillères vers lequel nous nous dirigeons.


Ce ruisseau alimente le fameux lac vide observé hier. Le barrage et la centrale de Bissorte ont été construits entre les deux guerres. La réserve d'eau que nous n'avons pas vue ce jour-là est de 40 millions de m3 !!!


Nos chevaux marchent bon pas, et derrière nous la pointe Rénod se fait de plus en plus lointaine.
Nous rattrapons quelques marcheurs qui s'avouent dépassés par le rythme soutenu du criollo et de son copain pur-sang arabe.


Le lac des Bataillères dépassé non sans efforts, la pente continue d'être marquée jusqu'au col du même nom. Cette montée me rappelle celle vers le Col Vieux dans le Queyras.


On approche les 2800 m d'altitude et voici quelques plaques à traverser   .... Je laisse Turcoise05 passer devant pour tester le terrain, après tout c'est lui le Haut-Alpin de naissance !!!  


Mais comme mon binôme préféré est fair-play il me laisse repasser devant m'octroyant la primeur du col.


Nous voilà arrivés à plus de 2800 m au Col des Bataillères. La vue est splendide sur les crêtes septentrionales du Thabor.
De gauche à droite : Le Cheval Blanc, le col du Peyron, le Mont Thabor, le col du Thabor, le Pic du Thabor.


Ce premier col de la journée nous comble par son panorama.
Décision est prise de réaliser notre premier "mountain selfie" histoire d'avoir enfin toute l'équipe sur la photo !
Pas évident de faire rentrer 2 grosses têtes de chevaux à côté des nôtres, sans compte celle du Cheval Blanc derrière qui sera légèrement décapitée !!! Peu importe, on voit le Thabor derrière et c’est tout ce qui compte !


Alors que juchée sur mon Pataclop je profite du panorama et tente d’en saisir les subtilités avec mon appareil photo, frais comme des truites fario Turcoise05 et Saad font les zouaves en passant et repassant devant moi !
A croire que la montée vers ce col qui arbore quand même 2804 m d’altitude les a à peine sollicités !


Les pitons de quartztite du Cheval Blanc n’en finissent pas de me fasciner.


Mais impossible de rester là toute la journée, même si cela ne dérange pas les chevaux qui profitent de nos observations pour se reposer.
Il faut bien se résoudre à avancer et j’attaque bon pas la descente.


En contre-bas nous apercevons le Lac Long, et tout au loin le Grand Argentier.
A vol d'oiseau Modane n'est vraiment pas loin.
Le tunnel du Fréjus est creusé dans les montagnes à l'horizon.


On n'a pas vu d'herbe depuis un moment... logiquement Pataclop me propose une petite halte gastronomique pour attendre nos camarades   , ce qui me laisse le temps d'herboriser...


Cette magnifique composition de bord de chemin fait remonter en ma mémoire le nom anglais des myosotis : « forget me not ». Je décide d’immortaliser cette image pour ne pas les oublier !


Nouvelle rencontre, posée sur son coussinet de mousse cette petite grenouille attire une fois de plus mon attention....


.... Sans compter certains cairns constituant de véritables œuvres d'art...


Non loin du refuge du Thabor apparaissent dans les pelouses des pierres bien ordonnées.
A croire que l’art du tag ne se limite pas aux milieux urbains mais gagne progressivement la montagne...


Pataclop vise le refuge du Thabor, même si je lui ai bien expliqué que nous ne ferons pas de halte par ici.
Nous chercherons plus loin un endroit de picnic mieux pourvu en herbe grasse, et moins fréquenté, car nous fuyons les regroupements de randonneurs ou d'alpinistes toujours enclins à bien des commentaires sur notre équipage !
Le site internet du refuge relate son histoire. Il aurait été plus logique qu'il se situe au col de la Vallée Etroite vers lequel nous nous dirigeons. Cependant afin de toucher les subventions pour sa construction il devait se situer à plus de 2500m, c'est pourquoi il a été construit à cet endroit à 2502 m et inauguré en 1980.


    Les éléphants d'Hannibal sont peut-être passés par là, et l'Histoire continue... Une petite pose façon Napoléon nous occupe un moment !!!
Les amateurs de purs-sangs arabes apprécieront le modèle...


Je me retourne un instant et me rends compte que la descente après le refuge du Thabor est vite avalée...
Le Col de la Vallée Etroite se profile déjà...
Un petit lac rempli de sels minéraux abreuve nos chevaux dont le regard se pose sur les étendues herbeuses se profilant à l'horizon...


Au col de la Vallée Etroite nous restons concentrés pour prendre la bonne bifurcation vers le Thabor.


C'est alors que nous rencontrons un groupe de "randonneurs seniors"  ayant apparemment tout vu tout fait.
 
Ces monsieurs "je sais tout sur tout partout" accompagnés de leurs gentes dames façon "de toute façon ça marchera jamais", avant même de se renseigner sur nos projets,    nous déclarent que "par ici ce n'est pas fait pour les chevaux, de toute façon vous n'y arriverez pas..."...
Ne pas arriver à quoi, ne pas arriver où ? Ils ne savent pas, ils ne nous ont même pas demandé !!!... mais ils sont formels !
Je les rassure en leur précisant que de toute façon nous ne faisons que jeter un coup d'oeil sur le chemin, nous nous arrêterons très probablement au lac du Peyron, s'il faut faire demi-tour on fera demi-tour, que nous sommes très prudents, et qu'il n'est pas question de prendre des risques inconsidérés...  

A mon plus grand soulagement ils finissent par continuent leur chemin et je les maudis en silence car ils ne sont probablement pas cavaliers, leurs propos sur l'état des chemins ne sont pas précis.    
Ils ne connaissent ni notre façon de faire ni notre détermination, encore moins notre propension à protéger nos précieux chevaux coûte que coûte.

Quelques pas plus tard sur le chemin bordé de marmottes toutes autant occupées les unes que les autres à saisir de leur petite main les graminées les plus chargées pour en engloutir les graines, j'ai retrouvé ma sérénité.  
Pataclop, les oreilles en avant, scrute le Mont Thabor... Se doute-t-il que nous tenterons l'ascension vers ce sommet qui nous surplombe depuis plusieurs heures ?  


Après quelques actions mémorables de rock crawling, nous arrivons dans le charmant petit vallon du Peyron.
Il est temps de savourer un picnic bien mérité.  


Ce vallon accueillant nous inspire pour le bivouac de ce soir.
Ce sera notre camp de base, idéal pour laisser là l'essentiel de notre bagagerie avant de tenter l’ascension du Thabor en extrême light.

.... Une fois le picnic savouré, les troupes ont repris des forces.
En selle à nouveau pour une après-midi technique, nous n'avons pas encore tout dit !
Nous longeons le lac du Peyron qui nous offre de belles eaux émeraudes et scintillantes.... un lac d'altitude quoi !!!


Enfin bon c'est quand même un très beau lac ! Avec vue sur le Cheval Blanc qui ne nous a jamais vraiment quittés...


Je me doutais que la montée serait difficile peu après le lac, les petits pointillés de la carte IGN laissaient présager quelques caillasses, mais bon comme nous en avions passé d'autres notamment dans les Ecrins, j'étais plutôt partante pour tenter...
C'est tellement raide qu'il faut descendre de cheval, les laisser souffler.
Nous avons alors tout loisir d'admirer encore et toujours ce lac du Peyron qui s'abaisse petit à petit.


La suite se fait à pied. Il m'est difficile de grimper suffisamment vite pour ne pas gêner mon cheval dont les  cuissots se révèlent bien plus musclés que les miens  
Heureusement que je le surpasse en souplesse car il en faut !
Derrière moi Turcoise05 et Saad prennent leur temps, je ne les entends pas souffler, et  lorsque je me retourne ils ont le sourire tous les deux alors je continue.
Nous voilà arrivés à l'entrée des Chances du Peyron, une pause pelouse s'impose.


Le col des Méandes 2727m se profile.
Je lorgne déjà les plaques de glace qu'il faudra dompter au loin...  en espérant très très fort que le chemin les contourne !


De l'autre côté du torrent qui alimente le Vallon du Dîner, des randonneurs nous font signe !
L'un d'entre eux est passé à travers le pont de neige et nous déconseille de suivre ses traces, qui au demeurant ont été englouties...
Pas évident, le torrent est en contre-bas, bordé de rochers empilés...
Nous mettons pied à terre pour examiner la situation de plus près.
C'est en cherchant un peu plus bas que nous trouvons un passage qui se franchira grâce à une belle cabriole sportive mêlant les techniques de stretching, de yoga et d'arts martiaux,  suivie d'un bon géant de nos chevaux à la réception extrêmement précise.


Tout le monde est du même côté du torrent ? OK.... on repart...à petit rythme, car d'autres embûches nous attendent...
Nous discutons avec un marcheur qui attend son fils parti à la course vers le sommet du Thabor.
Il a personnellement subi "une panne moteur" comme il nous l'annonce. Je souris, mais comprends vite que son avarie s'explique aisément : il a déménagé hier pendant 10 h !!! Nous l'encourageons pour sa descente, son fils ne devrait pas tarder à le rejoindre, il nous encourage à son tour pour la montée, nous félicite pour cette aventure hors du commun selon ses propres mots. Voilà un bel échange qui nous réconforte.

La grimpette ardue se poursuit.
Je me retourne de temps en temps, admirant le Grand Séru à droite, la Roche Bernaude, et la Pointe Balthazar au fond...


Levant la tête hum hum nous apercevons la fameuse grille au-dessus du vide évoquée par un autre marcheur fort sympathique croisé à peine plus bas...Qu'à cela ne tienne, allons voir sur place ce dont il s'agit...


Je laisse les chevaux sous la garde de Turcoise05, Pataclop ne comprends pas tout de suite pourquoi il n'a pas le droit de me suivre, et je m'approche pour examiner cette grille de plus près.
Elle me semble solide.
Bravant le vide sur ma gauche je saute dessus dans un sens, dans l'autre, me pends après, teste sa résistance de tous les côtés, faisant appel à toutes mes connaissances de sapeur du Génie de l'Armée de Terre...
meuh non c'est pas vrai, j'invente    !!!
Non seulement je n'ai pas de connaissance particulière de génie civil ou militaire mais surtout l'endroit est tellement "engagé" comme disent les montagnards aguerris que je me contente d'évaluer l'ouvrage du mieux que je peux.
A mon sens il est solide, son ancrage dans la roche lui confère suffisamment de stabilité pour résister au passage des chevaux.
Une petite photo vue d'en-haut et je redescends non seulement chercher ma monture mais également décrire l'ouvrage à mon binôme...


Le franchissement de la grille se fera dans le plus grand recueillement, et la plus grande précision.
Nous sommes pour autant plus que jamais conscients que ce qui se passe bien pour nous à un instant donné n'est pas forcément reproductible ultérieurement par un autre équipage, ne serait-ce que du fait des changements de conditions en montagne.

Notre chemin de croix continue, nous alternons des périodes à pied avec de courtes séquences en selle quand le chemin le permet.
Nos chevaux avancent vaillamment, c'est le moins que l'on puisse dire.


C'est devenu une coutume, Turcoise05 prend la tête de l'expédition quand il s'agit de passer des névés.
A ce moment de la journée la neige est un peu molle mais la traversée en montée ne pose pas de problème.
En ligne de mire, la chapelle du Thabor tout en haut là-haut  


La plaque de neige est passée, le chemin s'étire...peut-être parce que nous avons dépassé les 2900m d'altitude et que je sais qu'il nous faudra encore quelques efforts pour parvenir au sommet...


Nous mettons pied à terre à nouveau. Nous grimpons encore un peu. Les chevaux reprennent leur souffle, et nous aussi ! Je fête notre passage au delà des 3000 m d'altitude en buvant... une gorgée d'eau fraiche  


Octroyant un répit supplémentaire à toute l'équipe, j'en profite pour photographier les faces nord des Ecrins.
La Barre des Ecrins, le Pelvoux, les Bans, le Pic sans nom, le Pic Coolidge, les glaciers de la Momie, de la Violette... Ils y sont tous !


Quelques mètres nous séparent de la Chapelle.
Notre arrivée dérange les chocards à bec jaune qui ont élu domicile sur ce lieu de pèlerinage.
J'observe leur curiosité...
Étrange chapelle d'un autre temps que celle du Mont Thabor, déjà présente dans les archives de 1487 comme appartenant à la paroisse du Mélezet, elle est reconstruite entièrement en bois en 1694 puis en pierres en 1897.
Notre Dame des Douleurs est implorée lors d'une épidémie de typhoïde en 1860 et depuis les pélerins font chaque année au début du mois d'août cette pénitence le long du chemin de croix que nous avons suivi pour arriver jusque là.


Par respect pour notre ascension, les chocards nous survolent plusieurs fois, nous interrogeant de leur voix rauque "weeooo weeooo d'où venez-vous ? prreeeep preeeep jusqu'où allez-vous ?"
Je n'ai pas le temps de leur répondre, car je ne suis pas encore arrivée à destination !


Nous savourons ces derniers mètres sur le "dôme" du Thabor, le chemin est large cette fois-ci.
Ce 360° nous laisse sans voix.


Seul le Pic du Thabor accroche l'oeil du haut de ses 3207m, à peine plus que son frère, il occulte cependant le Cheval Blanc.


Pendant que Turcoise05 détaille chacun des glaciers qui se profilent au loin, son valeureux Saad, toujours aussi concentré poursuit dans une ambiance lunaire ce chemin bien dessiné.


Je ne me lasse pas de photographier les horizons, tous ces sommets m'appellent et me font signe, ils veulent être sur la photo mais je ne peux les inscrire tous sur la même. "Moi aussi, moi aussi" résonne dans la montagne...
Les glaciers s'impatientent, "on va finir par fondre" me crient-ils de loin !
Chacun son tour, leur-dis-je, patience mes jolis, mon petit appareil photo est en surchauffe    et je veux entre temps prendre une minute pour me souvenir du nom de chacun d'entre eux.


Alors Pataclop prend le relais, à chaque clignement de son oeil tout rond de criollo des altiplani argentins déporté malgré lui dans les Alpes, les sommets s'inscrivent pour toujours dans sa mémoire.
Il se souviendra à jamais de la Pointe de Terre Rouge et ses petits lacs bleus, la Roche de la Pelle, la Noire, celle des Marches, les Pics de Combeynots et la Meije.


Turcoise05 sait combien j'apprécie ce moment et quelle plénitude empreinte de fierté m'envahit en parvenant au sommet. Il se délecte paisiblement du panorama, balayant les sommets, les glaciers et les vallées d'un spin de pur-sang arabe.

Le Mont Thabor. 3178 m.`
Nous y sommes.

Sauvage, lunaire, minéral, le paysage n'en finit pas de me combler.
Je fais le plein d'images authentiques, fraîches, aériennes.
Je redescendrai tout à l'heure avec un cerveau neuf, un organisme régénéré, savourant un bien-être indescriptible.


.... ... à suivre...

........

Il est déjà temps de redescendre, le sourire aux lèvres et envahis de toute la satisfaction procurée par la réussite de cette ascension. Nous y sommes arrivés !

Je prends le temps de faire un panoramique du sommet du Thabor....


... tout en zieutant déjà notre itinéraire du lendemain : nous rentrerons par la Vallée Étroite dont j'ai tant entendu parler par mes amis skieurs de randonnée.
Nous apercevons du haut de nos 3000 et quelques mètres d'altitude les Granges de la fameuse vallée ainsi que les alpages par lesquels nous regagnerons la vallée de la Clarée.


Allez il faut s'y jeter dans cette descente, et faire attention à ne pas glisser...


Je me réconforte en prenant le temps d'admirer quelques linaires des Alpes, encore appelées mufliers ou gueules de lion ! Elles décorent joliment ces versants inhospitaliers de tâches violettes.


Elles laissent s'exprimer également une poignée de marguerites des montagnes, qui font les timides serrées les unes contre les autres.


Ah tiens la revoilà celle-là ! La passerelle ! La grille !
Elle fait sa maligne et nous nargue...alors que c'est nous qui la toisons cette fois-ci !!!
Je ne l'aurai pas oubliée bien longtemps...
Pas trop le choix en même temps, il faut bien revenir dans le vallon où nous avons établi notre camp de base.
Une grande respiration et je passe, je ne veux pas voir comment Pataclop se débrouille, chacun ses sabots.
Turcoise05 ne l'entend pas de cette façon et immortalise cet endroit que j'aurai franchi... une fois dans ma vie !
Quand je vois l’attitude de mon argentin je me dis qu’il a tout compris…
Je n’ai pas grand chose à lui apprendre, à ce brave criollo des altiplani de Patagonie.
L’incurvation incarnée ! Sans passer des heures dans un manège à tourner en rond ! Mais en passant des heures sur les chemins de montagne, tout simplement !


Nos compagnons préférés ont bien mérité un petit casse-croûte après toutes ces émotions.
La première colonie de trèfles des Alpes en fera les frais.
Leurs voisines graminées cesseront immédiatement de miauler, se faisant décapiter par ces deux voraces, amateurs de graines eux-aussi.


Pendant ce festin je n'ai cesse d'herboriser, et dégote quelques séneçons blanchâtres.


Les marmottes des Chances du Peyron nous ont concocté un spectable pour fêter notre retour du Thabor.
Elles dansent sur les pierres, et nous montrent quelques imitations de chamois, nous persuadant que leur large croupe toute ballotante de graisse n'est pas si lourde que cela.
Leur agilité nous fascine et nous restons jusqu'à la fin de leur numéro d'acrobaties en tout genre pour les applaudir !
Les fonds récoltés iront tout droit dans les caisses du Fonds Mondial Contre l'Obésité chez Marmotta Marmotta.  

Nous finissons d'arriver à petits pas jusqu'au vallon du Peyron.

L'installation du parc pour les chevaux, avec herbe épaisse non encore mangée par les vaches italiennes et eau à volonté, ainsi que le montage des tentes se fera avec une extrême vélocité !
L'orage gronde sur le Thabor et se rapproche en un rien de temps.

Nous avons tout juste le temps de nous laver, la pluie nous rincera instantanément.
On est loin de la pub Tahiti Douche : pas le temps de sourire béatement ni de se dandiner sous la mousse de savon, le tonnerre nous incite à rentrer au plus vite nous sécher dans nos tentes respectives, Turcoise05 étant privilégié avec son palace Ferrino aux plafonds élevés !!!
L'orage nous laisse quelque répit pour dîner au grand air et nous laver les dents.  
Nous dormirons cette nuit d'un sommeil de plomb.
Revivant en silence cette journée mémorable, nous marchons entourés de roches, cailloux, pierres, blocs dans nos rêves tout au long de la nuit.


...... à suivre .....

merci Maffy !

.......

Mercredi matin nous savourons encore notre 3178 m de la veille ! Pas seulement l'altitude puisque de très beaux endroits sont accessibles plus bas, mais toute l'émotion qui s'est dégagée durant la journée.
L'orage de la veille a laissé les tentes bien mouillées, nous prenons notre temps pour rassembler les affaires, laissant les toiles sécher au grand soleil du matin !
Les marcheurs qui passent sur le chemin non loin de notre campement ont tous des remarques les plus saugrenues les unes que les autres... Nous les pardonnons, il semblerait qu'ils ne soient pas habitués à voir beaucoup de cavaliers en montagne !
La palme de la meilleure remarque revient à une jeune femme qui demande à son mari : "Chéri, tu crois que les chevaux sont ceux des gens qui dorment dans les tentes ?"....
Ben voyons....
Non non on les a mis là pour la photo !


A vrai dire nous avons bivouaqué près d’une vache morte la veille au soir en fond de vallon, en aval bien entendu.
Un arrêt cardiaque massif. Personne n'a rien pu faire. Peut-être parce qu'il n'y avait personne en fait.
Apparemment elle avait déjà eu des problèmes de santé dans son enfance. Ainsi va la vie... des vaches piémontaises...

Ma foi sa compagnie a été très calme jusqu’à ce que ses congénères ne viennent bruyamment essayer de la relever en vain… Nous avons tout loisir de regarder leur manège entre deux repliages de matelas, tentes, duvets, etc….



Nous voilà fin prêts pour la dernière étape de notre périple.
Les nuages affluent sur le Thabor, resté sagement à sa place depuis hier, et nous espérons pour les randonneurs qui ont traversé "notre" vallon tôt ce matin qu'ils auront quand même une bonne visibilité au sommet.
Nous reprendrons le GR57 direction le col de la Vallée Étroite pour descendre celle-ci.
 


Pour sortir du vallon du Peyron un dernier exercice de rock crawling nous attend.
Saad est devenu un expert et s'applique toujours autant.
Ses gènes de chamois sont un véritable atout !


Les couleurs du matin font resplendir cet environnement dans lequel nous ne nous lassons pas d'évoluer.


Le col de la Vallée Étroite s'annonce et avec lui son flot de marcheurs motivés, tout juste extraits du petit-déjeuner au refuge du Thabor. L'un d'entre eux, affalé au pied du poteau indicateur nous lance avec un ton légèrement sarcastique : "ça va ? on force pas trop là-haut ?".... ce à quoi je réponds avec la même intonation : "ça va ? on force pas trop le cul dans l'herbe ?", ce qui déclenche l'hilarité générale...
Nous sommes déjà loin, les chevaux ont senti l'écurie, nous ne traînerons pas en chemin !

Quelques centaines de mètres plus loin nous croisons 3 "mamies", toutes aussi douces les unes que les autres, elles nous saluent avec beaucoup de gentillesse, voudraient nous parler mais ne savent pas trop quoi nous dire.... jusqu'à ce que la dernière du groupe nous avoue "vous avez de très beaux chevaux, j'adore ce que vous faites, et surtout l'esprit.... l'esprit qui vous anime..."
Et bien nous on l'embrasse bien fort :bisous:cette mamie qui a compris et exprimé en un mot la quintessence de l'art que nous avons choisi d'exercer, ce fabuleux partenariat avec nos chevaux, cet esprit de communion avec nos compagnons et notre environnement qui nous emmène au bout du monde.
Bonne route sur les chemins de Grande Randonnée...


Benvenuti a tutti nella Valle Stretta !
Cette Vallée pleine de charme s'offre à nous, les marmottes s'y ébattent en toute tranquillité, les torrents regorgent de truites et les pâtures estivales ont un bon goût d'Italie !
Voici la plaine de Tavernette, fort plaisante à traverser.



Plaine de Tavernette suivie tout naturellement du vallon de.... Tavernette ! Facile !
Attention à ne pas confondre, il y aura un quiz en fin de récit   !


Au Pont de la Fonderie nous restons un moment hypnotisés par les mouvements du torrent issu en partie du Lac Lavoir.
Nous reconnaissons des randonneurs croisés sur le tour du Thabor, qui prennent de nos nouvelles et nous félicitent quand nous leur confirmons que l'ascension a bien eu lieu !
Un Italien s'approche, il n'a pas de carte et cherche le Lago Verde, destination prisée des familles venues de Bardonecchia passer une journée en montagne.



Nous sommes presque arrivés au village des Granges de la Vallée Etroite, entièrement tenu par des italiens.
Ses habitants dépendant de la commune de Névache, la frontière ayant été repoussée en 1947, mais l'ambiance est bien italienne !



Nous retrouvons le rose des épilobes et notre chemin est parsemé de "Salve", "Ciao"...
Je suis dans mon élément.... !


Bon voilà quoi, les Italiens ont voulu traduire... .... sans Bescherelle !!!


Alors que nous sortons du village en direction du col des Thures, je profite d'un dernier salut au Mont Thabor, ainsi qu'au Grand Séru, derrière les tavaillons de mélèze.
De cet endroit la dernière ligne droite de notre ascension de la veille est bien visible...


Dans la montée vers le col des Thures, nous voilà surplombés par I Re Magi, Les Rois Mages.
Les pointes de Balthazar, Melchior et Gaspard se détachent majestueusement, veillant sur la Vallée Etroite et ses pieuses gens.


En voilà un fringant pur-sang arabe de montagne ! Toujours frais et dispo pour accélérer le tempo !


Le Lac Chavillon nous propose son rivage pour le picnic.
Et bien pourquoi pas ?


Laissons dans un premier temps nos chevaux se désaltérer de ses eaux cristallines.


L'orage gronde au loin... si nos calculs sont bons, nous devrions avoir le temps de nous rassasier avant une bonne saucée
Nous laissons les chevaux manger à leur guise sous la protection de l'Aiguille Rouge.



Lors de la traversée du vallon des Thures nous croisons le berger qui part passer l'après-midi avec ses brebis restées sur les crêtes, son grand parapluie en bandoulière.



L'ultime descente vers Névache nous fait admirer une cheminée de fée ou demoiselle coiffée.
Au fur et à mesure que le sol s'est abaissé autour d'elle, elle a grandi !


Et c’est sur cette belle image de sous-bois le long de la Clarée que s’achève une rando magnifique qui me sature le cerveau de belles images, d’émotions fortes, et de fierté.
Nos chevaux rentrent en pleine forme, à notre plus grande satisfaction.
 


Prêts pour une nouvelle aventure ? .... On est jeudi...et...on y pense déjà !!!

Merci pour le partage ! et... bravo super impressionnant et la vue a couper le souffle

Merci et bravo aux 4 protagonistes.......
Epoustouflant.
Petit bémol (personnel )pour ma part.
j'ai attaqué la lecture de ce récit (ou plutôt de cet exploit) juste avant
de partir au boulot......résultat , je suis arrivé en retard.....bravo Cataclup, il faudra
faire un mot à mon patron.

Bravo pour cette ascension du Thabor , que de souvenirs ranimés , merci à vous deux pour ce partage

Joël: vu le temps que ça a dû prendre à Pataclups d'héberger toutes ces photos sur le forum, il est probable que son patron aussi va nous demander une explication!

Merci Pacaclups pour la fin du récit. On a voyagé, vibré, souri et même tremblé (la passerelle ) avec vous!

Merci Pataclups d'avoir partagé le récit imagé d'un authentique exploit....!!! Tu dois rentrer les yeux comblés et le coeur léger. N'y a-t-il pas des passages où vous redoutez l'accident...??? comme la passerelle ou le rock crawling....???