Oui j'ai retrouvé ma jument vers midi. De la chance! J'ai appelé le centre équestre qui n'ouvre qu'en juillet et août et ils avaient récupéré l'animal en même temps qu'ils arrivaient installer leurs poneys. Entre temps, angoisse et bonheur de la solidarité qui s'était créée autour de moi dans le camping. Un monsieur m'a même offert d'aller la chercher avec sa voiture. Plus tard j'apprendrai qu'un cheval repart en sens inverse.
Donc deux semaines plus tard, guérie, nous allons en van jusqu'à Réallon-les Gourniers. Un gîte et un petit centre équestre pour nous héberger. L'accueil de Geneviève du centre équestre est chaleureux. Et Swing est un peu désorientée. Mais dans le parc où elle peut brouter tout va mieux.
Geneviève me conseille de prendre par le col de la Coupa plutôt que par celui de la Gardette pour une raison de longueur d'étape et aussi d'inconnue quant à la traversée d'un torrent. Compte tenu de la chaleur et du dénivelé je prévois un départ le lendemain à 07:00h.
Swing est en forme. Le début de la montée se fait à cheval, mais je descends pour le raidillon qui nous mène à la bergerie. Le reste de la montée pourrait sans doute se faire à cheval mais je resterai devant.
Et en à peine deux heures nous sommes au sommet.
Rencontre avec un photographe belge qui marque cet instant de partage avec cette photo.
C'est magnifique avec ce ciel bleu et la vue porte loin.
Le sentier est en rochers à plat sur lesquels Swing marche avec facilité.
En deux nouvelles heures, pendant lesquelles nous croisons quelques randonneurs à pied, nous atteignons le parking de Rouanne Haute.
J'en profite pour rassurer Geneviève. Le reste de la descente vers Ancelle se fait d'abord sur une piste caillouteuse empruntée par les véhicules, puis je choisis de traverser un pont en bois pour me retrouver sur une piste en terre sur laquelle je suis absolument seul. Le gîte est juste au bout de la route et le parc de Swing aussi. Elle a droit a sa récompense sous forme d'orge que malheureusement je n'ai pas pu faire tremper.
Le lendemain, après l'achat du pique-nique à l'épicerie, devant laquelle Swing se tient sans bouger, nouvelle étape sans gros dénivelé. A la retenue d'eau de St Léger je croise un groupe de cavaliers qui a campé là. Mais ils sont avec une voiture d'assistance...
La descente vers Pont du Fossé se fait à travers bois. Dans la traversée du village je m'adresse à une jeune fille pour qu'elle demande pour moi un renseignement à l'OT car je ne veux pas laisser Swing seule dans la rue. Pendant ce temps une dame s'approche, nous bavardons et je vois qu'elle a la nostalgie de son cheval... Je prends la route vers les Roranches
et je fais bien de ne pas me fier aux renseignements de l'OT, car je vois plus loin un panneau indiquant que le GR est écroulé et interdit aux randonneurs. Un agriculteur qui descend en voiture s'arrête à ma hauteur. J'en profite pour lui demander s'il y a de l'eau au hameau. Il me dit que je peux aller dans sa ferme où il y a une grosse bassine pour faire boire Swing. Je me trompe de ferme et fais boire Swing chez la voisine. Heureusement l'agriculteur revient et tout rentre dans l'ordre. Plus loin la petite chapelle est en train d'être restaurée par des maçons. Leur campement est installé dans le champ à côté. Et c'est l'heure du pique-nique.
Après la sieste, descente vers le gîte "les Marrons" sur un sentier bordé de cerisiers plein de griottes sucrées, délicieuses.
Mais on ne s'attarde pas ... Les nuages sont en train de s'amonceler. L'accueil au gîte est bien sympathique et Swing trouve un pré avec de l'herbe bien verte, de l'eau et son orge. Chaque fois que je vais la voir elle exprime son contentement par un petit ronflement.
Puis l'orage éclate et un éclair tape vraiment très près. Mais Swing est toujours dans son parc.
Rencontre avec des randonneurs qui terminent le tour du vieux Chaillol.
Sentier bucolique du canal de Malcros, en balcon au dessus du Champsaur.
Lac de Barbeyroux
Pause dans la forêt de Subeyrannes, encore bien mouillée de l'orage de la veille. Rencontre d'une famille avec un âne. Seule rencontre du jour. Après le col de la Blache, le sentier fait des montagnes russes. La végétation a changé, car nous sommes plus bas en altitude.
Charbillac, joli bassin dans lequel Swing peut se désaltérer. Une petite fille l'admire... de loin. Elle fait un signe de la main quand nous repartons.
Pique-nique près de la Motte en Champsaur; Un jeune chevreuil traverse le chemin devant nous sans nous voir.
Nuit au gîte Les Paris.
Le lendemain, le sentier longe un joli canal, mais après Le Séchier il est dans le lit majeur du torrent... Pas très rassurant. Je nous rapproche de la berge à travers des buissons. Le GPS aide bien. Après la traversée de la route il n'y a plus qu'à suivre le chemin jusqu'au Villard. Un couple y est étonné de voir un cavalier. Après le village le GPS est encore bien utile pour suivre la Valgaude. Les indications ne correspondent pas bien au chemin que je veux suivre et qui ne semble pas beaucoup emprunté. Pique-nique à Champ Bouchard. Le sentier s'élève ensuite à flanc de colline pour redescendre ensuite. Pour atteindre le gîte j'ai le choix soit de me mouiller les pieds, soit de déplacer un arbre qui barre l'accès à la passerelle en bois. J'ai choisi la deuxième solution. Swing me regarde tranquillement. Accueil bien sympathique au gîte, mais un parc pas terrible pour Swing. De la mauvaise herbe bien haute...
Nuit au gîte de Brudour.
Et un cadran solaire qui nous donne sa maxime.
Au petit matin Swing est allée chercher de la bonne herbe ailleurs... A nouveau elle a pris le chemin à l'envers et je la retrouve (avec l'aide de mon hôtesse) à Champ Bouchard. Elle vient vers moi immédiatement. Peut être est elle attirée par l'orge que je lui fais miroiter? Juste une heure de retard sur mon programme. Encore le petit déjeuner à prendre à l'auberge, ainsi que le pique-nique de midi et nous attaquons le chemin dit de Boustigue qui doit nous conduire à Corps. Sentier très étroit qui offre une vue splendide sur le lac du Sautet.
Traversée de St Julien après un périlleux passage glissant au bord d'un ruisseau. Swing s'en sort très bien en me suivant. Pique-nique. Il fait chaud et j'ai soif. Je gère ce qu'il me reste d'eau pour la dernière montée vers ND de la Salette. Je marche pour soulager Swing. Bien que ... Nous arrivons sous l'oeil de nombreux touristes. Swing est dessellée. J'aide à faire le parc. De la bonne herbe, un petit ruisseau. Je pense qu'elle est bien.
Je peux aller faire ma toilette et prendre une pinte, une limonade et une tarte pour me requinquer. C'est le tour de France à la télé. Puis dès que l'arrivée est passée la salle se vide. Je cherche mon porte-cartes... que quelqu'un a ramené au bar. Après le repas, je vais voir Swing. Elle n'est pas seule. Une jeune fille la caresse, lui parle. C'est une jeune slovaque. Je lui permets de la monter. Swing marche en me suivant. Rebecca est heureuse, et moi content de lui avoir fait plaisir. Un bon souvenir de plus qu'elle ramènera dans son pays.
Dernière étape. Nous quittons La Salette à 8H. Cols d'alpage,
troupeaux de moutons et de vaches, parqués.
Sentier à chercher, vite trouvé. Descente vers les Achards dans la forêt mouillée. Marche à pied à nouveau sinon c'est la douche froide permanente. C'est la dernière étape. Je vis chaque seconde, chaque mètre, avec mon cheval. Nous glissons ensemble, moi sur les fesses, elle sur les fers, là où le sentier est en dévers et bien trempé par la pluie de la nuit. Après les Achards je remonte à cheval et c'est la traversée de Corps, par la route jusqu'au barrage. Trièves re-bonjour. Encore quelques arbres en travers qui essayent de nous barrer la route, mais nous continuons d'avancer au bon pas de Swing. Sent-elle l'écurie proche? Dernière découverte: le sentier ouvert par l'équipe de l'association Etalon Bastien (de St Sébastien) qui nous mène directement, après un petit saut au dessus du ruisseau, chez nous. C'est la fin du voyage.
Je n'ai pas pu faire tout le voyage jusqu'au Queyras (et retour) que j'avais prévu. J'ai vécu un gros moment de découragement, des peurs, mais aussi de la solidarité, du partage. Au fil des étapes ma façon de seller s'est améliorée, et il m'a semblé que Swing m'écoutait. Finalement elle aura traversé des ruisseaux, des ponts, franchi des cols tel un vrai cheval randonneur. Elle m'a suivi en confiance, elle m'a donné du bonheur. Je suis fier d'elle.
C'était le but de ce voyage.