Un âne et un cheval bâtés, un chien et 2 randonneurs à pied

Voici le récit de ma randonnée avec cheval de bât et ma chienne Cheyenne, dans le massif du Tanargue, en Ardèche du sud.
C'est une première pour moi, j'avais envie depuis un moment déjà de tenter le bivouac et l'autonomie. Pour ne pas mettre la barre trop haut pour une première expérience, j'ai préféré partir à pied avec mon jeune cheval Végas, 5 ans. Le moyen, aussi, de resserrer nos tous jeunes liens et de gagner en complicité.
Au début je voulais partir seule pendant 6 jours dans cette aventure puis j'ai finalement accepté la proposition d'un collègue ardéchois de me rejoindre avec son adorable petit âne : Gérald et Cadichon. Heureusement d'ailleurs, vu quelques péripéties de notre aventure que je m'en vais vous raconter plus loin.
En ce 5 avril 2014, Eric nous a emmené, Végas, Cheyenne et moi au point de départ de notre périple : Uzer pas très loin d'Aubenas. Il fait grand beau et c'est parti pour l'aventure, je démarre seule sur l'ancienne voie du tram, transformée en chemin.



Il y a un long tunnel en courbe où il fait totalement noir mais tout le monde s'engouffre dans le boyau sans crainte (la photo est faite au flash).



Sur les premières plaques métalliques des anciens ponts où résonnent ses fers, le blondinet accélère sensiblement le pas mais au bout de la troisième il est déjà bien plus calme.



Végas et son chargement dans des sacoches de bât, souples, achetées chez Guichard sellier et qui s'adaptent sur ma selle de cette même marque.



Je vais monter en direction du petit village de Montréal où je vais retrouver mes compagnons de route : Gérald et Cadichon.







Nous voilà partis tous les cinq en direction de l'Argentière. Le sentier qui descend de Montréal est un bel exemple de ce qui nous attend les jours à venir.



Au loin Montréal et les tours de son château



Nous empruntons les chemins muletiers pour redescendre sur l'Argentière





Puis une belle piste plein nord sur le grp du tour du massif du Tanargue.





Enfin d'après-midi alors que Gérald négocie avec un agriculteur l'autorisation de bivouaquer et que je surveille les poilus, Cheyenne se fait agresser par un gros berger allemand qui la plaque au sol et se fait mordre à la patte arrière   . Il y a une belle trace de croc mais pas de tendon touché heureusement.

Voici nos deux compères, Cadichon et Végas et leur chargement. Une grande complicité se noue très vite entre le petit âne et le gentil Végas qui ne s'étaient pourtant jamais vus. Il n'y aura jamais aucun geste d'agressivité ou de domination entre ces 2 nouveaux amis.



Notre premier bivouac sera dans un pré clôturé. J'ai mis une corde pour faire un périmètre de sécurité autour des tentes où les deux malins voulaient venir faire de l'inspection.




Cheyenne ne semble pas trop souffrir de sa blessure, je désinfecte bien à la Bétadine et je rempli le trou laissé par le croc de pommade Dermaflon. Cette première nuit se passe très bien.

Le lendemain matin, il fait toujours aussi beau, Cheyenne qui ne boite pas se baigne dans tous les ruisseaux.



Nous partons des environs de Coulens où se situait ce premier bivouac pour prendre la direction de Joannas. Les sentiers sont charmants.





Nous arrivons à Joannas pour déjeuner et pique-niquerons au pied du château.
Arrivés en bas du village, la vue :





Pour que les poilus et les humains mangent tranquilles nous tendrons une belle ligne d'attache entre deux gros arbres.



L'après-midi, il fait très chaud et ça grimpe bien, nous apprécions de trouver facilement, grâce aux citernes anciennes qui collectent l'eau des sources, de quoi abreuver nos animaux et nous rafraîchir.

      
Pour une première......c'est réussi.
A quand le seconde ????

joel a écrit:

      
Pour une première......c'est réussi.
A quand le seconde ????

C'est pas fini Joel, tu vas bientôt lire la suite. Il y aura surement un jour une seconde mais les projets à venir sont des randonnées avec cheval monté.  

jusque là ça a l'air vraiment super    !
vite vite la suite   

    

Et ouais...!
Tu nous laisses sur notre faim, là!

Ca vient, ça vient...c'est que j'ai pas que ça à faire moua ! de vous raconter des histoires !     

Donc :
En fin d'aprem nous avons trouvé un chouette bivouac, une gentille dame nous a prêté un terrain à moquette en d'herbe juste sous sa maison. En soirée nous avons eu la visite de la petite fille et de son papa qui nous ont offert une bouteille de jus de pomme artisanal. Adorable !



Nous avons monté le parc de rando pour les poilus qui avaient de l'herbe à profusion...



....et pourtant !
Alors que, le lendemain matin, je venais juste de finir de m'habiller et que j'ouvrais la fermeture, j'ai entendu un grand galop à côté de ma tente et là j'ai compris       immédiatement.....!!!
Trop tard, Gérald et moi n'avons pu que voir nos deux cocos s'éloignant sur la route, Végas en plein galop et Cadichon, à fond derrière, moulinant de ses petites pattes pour tenir le rythme.
Nous avons couru réveiller la dame mais elle n'a pas voulu nous prêter sa voiture.
Nous voilà partis à pied, à la poursuite des deux fuyards...!
A la première maison où nous trouvons du monde nous demandons de l'aide, un gentil anglais très bègue m'embarque dans sa voiture pendant que Gérald et Cheyenne continuent de chercher des traces de passage sur les chemins voisins. Nous croisons plusieurs voitures, le monsieur anglais les arrête pour demander si des chevaux ont été aperçus mais dans l'énervement il bégaye beaucoup et avec son fort accent les gens ne comprennent rien, malgré le stress la situation est cocasse et j'ai envie de rire.  
Personne n'ayant croisé les chevaux on rebrousse chemin et je retrouve Gérald qui à trouvé des traces sur un chemin non carrossable. le monsieur anglais me laisse, je le remercie chaudement.
Nous comprenons vite que nos deux malins sont en train de refaire le chemin de la veille en sens inverse. Nous arrêtons à nouveau une voiture et tombons sur une dame très sympa propriétaire de chevaux. Elle nous emmène à Joannas afin de court-circuiter les poilus avant leur arrivée là-bas. Une aide précieuse du cantonnier nous permet de récupérer enfin les deux évadés 200 m avant leur arrivée en plein village de Joannas. Ils vont bien, ne sont pas blessés et n'ont pas occasionné d'accident. Gros ouf ! de soulagement pour nous deux !!!
Toutefois, en rebroussant chemin pour revenir au bivouac nous apprendrons qu'ils ont fait quelques bêtises pas trop graves heureusement et pardonnées par des victimes très compréhensives ! Les ardéchois sont vraiment des gens supers !
Nous arrivons bien fatigués vers 14 h au bivouac, nous n'avons rien bu ni mangé depuis la veille au soir, nous avons marché au moins 10 km et avons eu une grosse frayeur. Autant vous dire que nous dévorons une bonne assiette de semoule et de légumes de couscous en boite avec un très grand appétit !  
Le parc est en parfait état, nous n'avons pas compris comment les deux copains se sont débrouillés pour se barrer. 

Oh ben les lascars, ils vous ont fait une belle frayeur !!!   

Grrrrrrr salles bêtes... Heureusement toute est bien qui finit bien

Les paysages sont magnifiques, on retiendra cela

ouf ! quelle histoire ! on veut la suiiiite !!   

Suite à cet incident nous avons perdu une journée sur le parcours initialement prévu. Nous prenons le temps de consulter la carte Ign afin de revoir notre itinéraire et de ne pas se bousculer. Nous décidons de le modifier de façon radicale pour éviter une zone très peu habitée, en crête et sans trop de possibilité de trouver de l'eau et dont le sentier nous semble peu propice au passage des poilus. Nous reprenons donc la route plein sud alors que la journée est bien entamée. Nous avons réussi à trouver un gîte qui accueille les équidés dans la commune de La Roche, nous partons d'un bon pas pour arriver pas trop tard à notre but situé à environ 8 km. De fortes pluies sont attendues pour le lendemain matin et nous avons aussi besoin d'une vraie bonne douche après notre course poursuite de ce matin. Cheyenne, elle, prend sa douche bien avant nous grâce au sources qui jaillissent des murets de pierre.



Les poilus sont bien calmes, ils se sont bien défoulés...!



On regrette pas notre choix, les paysages sont superbes











Enfin,vers 19h, nous arrivons au gîte. Après avoir installé nos copains en face, dans le pré qui jouxte l'école primaire, nous fonçons sous la douche, puis les pieds sous la table pour un copieux repas. Notre hôte est très sympathique, il nous parle avec le coeur de sa région. Le gîte est simple et propre et la demi-pension à 40 euros tout compris.
Voici le gîte et le pré des chevaux dont on a renforcé l'entrée car Cadichon ayant testé la solidité du grillage en s'appuyant dessus, on s'est méfié    :

Voilà une bonne destination de printemps en autonome, car l'été et l'automne l'eau et l'herbe doivent être rares
Merci pour le partage et pour l'idée d'une future destination

Bravo pour ce préiple riche en rebondissement   : une vraie aventure !!!   

En tous cas merci pour les photos : les paysages sont magnifique !!     

Le lendemain matin il pleut à notre réveil, nous ne sommes plus pressés, nous décidons de faire une journée de repos pour les bêtes surtout pour Cadichon qui a usé ses sabots à courir derrière Végas et dès la fin de la matinée, au retour du soleil nous partons pour randonner et visiter le village de Beaumont. Nous commençons par un sentier botanique et cheminons entre les terrasses. Cheyenne se pique un peu les coussinets sur les bogues séchées des châtaignes qui jonchent le sol.







c'est très sauvage, nous pique-niquons au bord d'un ruisseau





Puis nous avons la chance d'apercevoir une poule faisane d'une espèce moins commune que celles que nous voyons au moment de la chasse par chez nous.Il s'agit d'une belle femelle de faisan vénéré (merci à Daniel pour son aide à l'identification de cette belle femelle).



Nous arrivons à Beaumont, tapons la discussion avec le cantonnier qui bossait dans le cimetière avant de visiter le village.
L'église :


la source d'eau potable (où j'ai du mal à empêcher Cheyenne de sauter)



Une chouette sculpture



et la vue depuis la table d'orientation





Au retour nous tombons sous le charme de cette petite bergerie encore dans "son jus" et de son environnement.





Les vieux châtaigniers dont les rejets, greffés, donnent une seconde vie à ces centenaires bien fatigués





Il y a pas mal de petits hameaux au charme indéniable et des maisons somptueuses parfaitement restaurées

   

Après cette belle journée de marche nous retrouvons la petite école et nos deux poilus.



le lendemain matin nous préparons à reprendre la route pour une dernière journée de marche.




Nous descendons par un sentier pierreux pour rejoindre la rivière Le Gua où nous devons retrouver un chemin indiqué comme chemin muletier sur mon document et qui doit nous emmener en direction de Montréal.

Nous passons sur le pont qui enjambe Le Gua.



De l'autre côté, mauvaise surprise : le chemin que nous devons emprunter passe sur une petite passerelle faite avec un poteau de ciment. Impossible de prendre le risque d'y faire passer nos compères, de plus le chemin, en face, semble très très escarpé, même pour des piétons seuls. Du côté où nous sommes il y a possibilité de continuer, le chemin semble praticable et il y a une direction d'indiquée qui nous convient. Nous partons confiants, persuadés que nous allons trouver tôt ou tard de quoi rattraper le tracé initial. au début le chemin est correct bien que parfois un peu technique mais ça passe



Nous arrivons près d'une jolie cuvette d'eau claire où nous faisons une pause fraîcheur



mais c'est là où les choses se corsent : pour continuer nous devons passer sur un escalier pas bien large et qui tourne en épingle à cheveux.



Nous tentons le coup et ça passe, Végas qui frotte avec ses grosses sacoches, accélère l'allure mais il arrive en haut sans dommage. Nous continuons donc, surtout que le sentier a été récemment nettoyé et élagué ce qui nous fait penser qu'il est praticable et qu'il va nous emmener au but à atteindre. Malheureusement, plus nous avançons et plus cela devient difficile d'avancer, c'est très étroit, les sacoches frottent, s'accrochent, se déchirent..etc. après un bon moment à galérer nous finissons sur des terrasses pierreuses et plus vraiment de chemin   .Gérald part en reconnaissance, je l'attends, les deux copains en profitent pour se faire des câlins



Il revient et m'annonce que nous devons faire demi-tour. Je suis inquiète pour le passage par l'escalier. En montant ça pouvait aller mais en descente ?!

L'escalier à la descente :



Pour ne prendre aucun risque nous débattons les deux poilus, nous sécurisons les côtés de l'escalier avec un vieux morceau de ruban rouge et blanc pour dissuader Végas de passer trop près du bord et débroussaillons pour élargir le passage . Cadichon descend facilement du fait de son petit gabarit puis je laisse Végas aller seul, à son rythme, moi je suis derrière et Gérald l'attends en bas. Mon super petit Végas, descend l'escalier bien prudemment et je pousse un soupir de soulagement à son arrivée en bas. Nous descendons les bagages restés en haut et re-battons nos montures. Puis après une petite pause casse croûte ( avec cette galère on a pas mangé et il est trois heures), nous rebroussons chemin et revenons à notre point de départ.     Après une étude sérieuse de la carte, nous finissons par trouver quelques centaines de mètres plus loin une piste bien large qui nous emmène en passant plus au sud et avec quelques km rajoutés, vers la destination espérée.



Tant pis pour le temps perdu, nous sommes heureux d'être sortis sans trop de bobos de cette galère.  Le reste du chemin sera facile, les paysages sympas et les maisons différentes de celles vues auparavant.









En début de soirée nous apercevons les tours du château de Montréal



Nous retrouvons le véhicule de Gérald et préparons le dernier bivouac de la randonnée, en plein village, sur une jolie place bien herbeuse. Un habitant sympa nous offre de l'eau. C'est alors avec un grand bonheur, que nous découvrons la présence d'un camion pizza.



suite à l'escapade précédente, je laisse Végas dormir à la ligne d'attache et Cadichon à la longue corde





Cadichon a le droit à son massage préféré, celui de ses longues oreilles



et nous nous dégustons une bonne pizza bien chaude, confortablement installés dans la voiture.

Le lendemain matin, Cheyenne, subitement, boite beaucoup. La plaie à la patte semble s'être infectée en profondeur. Alors que je devais repartir seule rejoindre le point de rendez-vous avec Eric, je décide de ne pas bouger et de l'attendre ici afin de ménager la patte et la souffrance de Cheyenne.
Gérald repart vers chez lui sous les déchirants hennissements de Végas qui voit partir son copain d'aventure. Nous attendrons Eric sagement au soleil, alors qu'il vient me faire un câlin, je fais une photo "selfie" ratée avec Végas .  



Dès mon arrivée à la maison, j'emmène ma Cheyenne chez le véto. Elle retrouvera, les jours suivants, et grâce à un bon traitement anti-infectieux, l'usage intégral de sa patte.

Il est bien courageux ce Végas... Les escaliers     

Les photos sont très sympa merci

, toujours un vrai moment de bonheur de vous lire et de découvrir les photos qui illustrent les récits. Et bravo pour cette aventure qui finit bien   

Une belle tranche de vie comptée avec talent et remarquablement illustrée... un bel album de vacance ...!!! mais vous n'avez pas lésiné sur le volume du paquetage   .. c'est pas du bâtage pour du rire   ...!!! vous devez avoir tout le confort et rien n'a du vous manquer ,   çà fait rêver ....  

turcoise 05 a écrit:

Une belle tranche de vie comptée avec talent et remarquablement illustrée... un bel album de vacance ...!!! mais vous n'avez pas lésiné sur le volume du paquetage   .. c'est pas du bâtage pour du rire   ...!!! vous devez avoir tout le confort et rien n'a du vous manquer ,   çà fait rêver ....  

Pour une première expérience bivouac autant mettre toutes les chances de mon côté pour ne pas être dégoûtée !

Merci pour tout ce reportage, distillé pour mieux être savouré, j'ai pu lire une étape par jour   
Belle galère pour la dernière journée quand même, revenir jusqu'à votre point de départ, ça a dû être très démoralisant. Mais votre moral a été plus fort que les petites mésaventures, et au final, toute l'équipe semble en être sortie encore plus soudée ! Vraiment, bravo à tous, et surtout à toi Catherine, car passer de cavalière à marcheuse avec cheval de bât, il faut une belle volonté !

Encore   pour ce super reportage photo !   

Les paysages ont l'air superbe !
Quelles aventures en si peu de jours !!!

  ah enfin les beaux jours avec les beaux récits!! magnifique, les paysages, le récit, les chevaux!! l'aventure quoi!! et l'adrénaline avec l'escalier... tout y est !!