Le cheval est un herbivore qui, naturellement, ne travaille pas et se nourrit de petites quantités à la fois, mais très souvent pendant 16 à 18 heures par jour.
Toute modification de cette alimentation et de ce rythme de vie altèrent sa santé et donc son bien être et ses performances.
- L'estomac est petit comparé à la taille du cheval (10 à 15 litres) et secrète en permanence de l'acide chlorhydrique, en présence ou non d'aliments. 7 - 9 % du tube digestif; absorption: rien; début de digestion par: quelques enzymes.
- L'intestin grêle est très long (20 à 22 mètres) et est suspendu par le mésentère dans la cavité abdominale, il est capable de se déplacer et de subir des torsions. 20 % du tube digestif; absorption: graisses, amidon, sucres, protéines, vitamines A, D, et E; par: des enzymes.
- Le caecum est un réservoir de grande capacité, (35 litres) dans lequel les aliments sont brassés et mélangés, puis envoyés par des contractions régulières dans le gros côlon.
- Le gros côlon est très volumineux, il fait plusieurs courbures dans lesquelles se produisent des ralentissements du transit qui provoquent des « bouchons de paille », à l'origine de coliques et se rétrécit de 50 cm à 10 cm au niveau du colon transverse, autre cause de coliques.
Le caecum (1 mètre, contient jusqu’à 33 litres) et le gros côlon (5-7 mètres, peut contenir jusqu’à 66 litres); ensemble: 66 % du tube digestif; absorption: eau, minéraux, surtout phosphore, vitamine B, les restes que l’intestin grêle n’a pas pu digérer; par: fermentation bactérienne.
C’est au cours de la mastication que le cheval produit de la salive. Cette salive est nécessaire à la neutralisation de l’acidité gastrique. Aussi il est important qu’il mâche beaucoup. Pour comparer:
* 1 kg de granulés donne 1 litre de salive et demande 600 mastications
* 1 kg de fourrage donne 3,5 litres de salive et demande 2200 -2500 mastications.
Pathologies directement liées à certaines de ces particularités :
Les ulcères:
C'est le bicarbonate de la salive qui permet au pH de l'estomac de rester entre 6 et 7. Lorsque le cheval est privé de nourriture, même pendant de courtes périodes, son estomac produit de l'acide. Il n'y a pas de salivation sans nourriture, il n'y a donc ni bicarbonate ni mucus et le pH gastrique peut descendre à 1 ce qui explique facilement les ulcères.
L'exercice et l'entraînement favorisent également les ulcères gastriques (jusqu'à 90% des chevaux de course en sont
atteints) de même que l'administration d'anti-inflammatoires.
Les coliques:
Lorsqu'un cheval passe d'une alimentation à une autre, la composition de sa flore intestinale doit s'adapter, certaines bactéries doivent diminuer en nombre au profit d'autres ce qui prend d'une à 2 semaines.
Par exemple, lorsque du foin qui se digère facilement pénètre dans le caecum, les populations microbiennes se multiplient ce qui augmente la fermentation.
L'alimentation moins digeste, absorbée précédemment, forme une occlusion à la sortie du caecum, entraînant une accumulation de gaz et des douleurs associées aux coliques.
Importance de la microflore intestinale.
La flore du tractus digestif constitue un facteur essentiel de bonne ou de mauvaise santé, elle influence donc le rendement de l'élevage et les performances de l'animal.
Chez un animal en bonne santé, la flore intestinale, très complexe règle et favorise les processus physiologiques de la digestion et de l'assimilation et intervient dans la synthèse des vitamines essentielles et des protéines.
Ce n'est donc pas la nourriture ingérée qui nourrit le cheval mais les nutriments qui sont absorbés par l'intestin et les vitamines et les protéines qui y sont synthétisées grâces aux bactéries.
La flore intestinale est aussi la « barrière » entre l'extérieur et l'intérieur de l'organisme, si elle est endommagée, la santé du cheval est en péril.
C'est aussi cette flore intestinale qui est responsable de 85% de l'immunité.
Les causes de modifications de la flore:
Les états pathologiques.
Les infections microbiennes ou parasitaires entraînent une invasion ascendante vers les segments digestifs normalement stériles ; des microbes habituellement présents deviennent excessifs et donc pathogènes, la « barrière » est détruite et des germes migrent de l'intestin dans la circulation générale avec une colonisation fréquente des voies urinaires.
Le pH très bas de l'estomac, par contact, acidifie l'intestin entraînant la destruction de microflore intestinale normale.
Les variations du régime alimentaire.
Les aliments de digestion difficile provoquent une irritation de la paroi intestinale amenant une modification profonde de la flore.
Un changement trop rapide d'alimentation (moins d'une à deux semaines) ne permet pas l'adaptation de la flore et provoque coliques ou diarrhées.
Les médicaments.
Les antibiotiques, les corticoïdes et les anti-inflammatoires détruisent la flore intestinale.
Le stress. En provoquant une diminution du pH de l'estomac, il entraîne une modification de la flore intestinale.
Les mécanismes d'action des probiotiques.
Les lactobacilles (bactéries productrices d'acide lactique) inhibent le développement des bactéries de putréfaction, mal adaptées à un pH bas et produisent des bactériocines qui exercent un “effet antibiotique” sur certaines bactéries pathogènes telles que l'E. Coli ou les Salmonelles. Ils renforcent la protection de l'épithélium intestinal et exercent une action antihistaminique.
Les bactéries intestinales interviennent dans la synthèse des vitamines B6, B8, B9, B12, K2 et des protéines.
La richesse de la flore en lactobacilles augmente le seuil de résistance aux pathogènes.
Conditions d'efficacité des probiotiques.
La viabilité des germes (permise grâce à la lyophilisation) de même que leur résistance à l'acidité gastrique sont importantes , même si, tuées, les bactéries entraînent encore des réactions enzymatiques.
Pour être efficaces, les probiotiques doivent aussi être administrés en quantité suffisante.
A qui et quand administrer des probiotiques:
- après chaque vermifugation
- à la jument gestante pour la protéger et ainsi lui éviter la prise de médicaments,
- au poulain, dès la naissance, pour favoriser l'installation rapide d'une bonne flore,
- au poulain, lors du sevrage pour éviter les diarrhées,
- à tous, lors d'une modification de l'alimentation pour permettre à la flore de s'adapter,
- à tous, en période de stress (transport, changement d'environnement, nouvelle présence humaine ou animale, entraînement, compétition, exercice intensif..),
- à tous, dans la thérapeutique de lésions cutanées rebelles, notamment de l'extrémité des membres,
- à tous, lors d'un traitement médicamenteux, surtout les antibiothérapies pour éviter les accidents qui leur sont consécutifs : destruction de la flore, diarrhées, surinfection,...
Des études ont démontré que les animaux traités par antibiotiques et qui reçoivent des probiotiques se rétablissent mieux que ceux qui n'en ont pas reçu ; ils reprennent plus vite de l'appétit, les troubles digestifs disparaissent plus rapidement et il y a moins de rechutes.
- à tous, en cas de manque d'appétit, de troubles fonctionnels de l'appareil digestif, lors de coliques, de fermentations anormales, de gaz,...
- à tous, pour réduire l'incidence des coliques chroniques,
- à tous, dans certains cas d'intoxication,
- à tous, pour éviter la transmission des maladies.